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Agenda social : Patronat et syndicats au cœur du jeu

L’actualité | L’An II du Quinquennat | publié le : 16.07.2018 | Benjamin D’Alguerre

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Agenda social : Patronat et syndicats au cœur du jeu

Crédit photo Benjamin D’Alguerre

Dans son discours-fleuve devant le Congrès réuni à Versailles le 9 juillet 2018 – sorte de discours sur l’état de l’Union à l’américaine – Emmanuel Macron s’est montré innovant sur deux points importants. D’un côté, la place des organisations syndicales qui sont appelées à être mieux associées aux décisions et à l’agenda social et de l’autre, la protection sociale où le président a carrément dynamité le système de gestion paritaire pour faire de l’État le seul maître à bord. Entreprise & Carrières décrypte ces changements de cap.

Y a-t-il un changement de braquet dans la stratégie présidentielle en matière sociale ? Là où, depuis un an, l’exécutif traitait les corps intermédiaires comme quantité négligeable, se contentant de les consulter en amont de la rédaction des ordonnances travail ou de les faire négocier au pas de charge sur des sujets strictement encadrés (comme ce fut le cas sur l’assurance-chômage et la réforme de la formation), le ton semble changer. En invitant les organisations représentatives des employeurs (Medef, CPME et U2P) et des salariés (CGT, CFDT, CFE-CGC, CFTC et FO) à l’Élysée le 17 juillet pour un « sommet social » consacré à fixer l’agenda des négociations interprofessionnelles de l’année à venir, le chef de l’État marque sa volonté de replacer les partenaires sociaux au milieu du terrain. Plusieurs organisations syndicales – au premier rang desquelles la CFDT – réclamaient d’ailleurs la tenue d’une telle rencontre depuis plusieurs mois. « Emmanuel Macron nous invite à discuter ? Je dis chiche ! Nous allons lui exposer nos sujets », déclarait Laurent Berger au matin du 11 juillet, quelques heures avant de rejoindre ses homologues syndicaux et patronaux au Palais d’Iéna, siège du CESE, pour une première rencontre entre les huit organisations destinée à préparer la rencontre du 17.

Mais pas question d’y aller juste pour rester assis et écouter la bonne parole présidentielle ! », prévient Philippe Martinez, le numéro 1 de la CGT. La confédération de Montreuil est claire : elle ne souhaite pas revivre de « grand-messe » sur le modèle des conférences sociales du quinquennat Hollande « au cours desquelles les partenaires sociaux se faisaient dicter l’agenda social de l’année » par le Gouvernement. Les cégétistes, tout comme SUD et la FSU, avaient d’ailleurs boycotté la dernière édition de cet évènement traditionnellement organisé au début de l’été. Mais d’autres organisations, tout en répondant présent, n’y allaient plus qu’en traînant des pieds à l’image de FO ou du Medef.

Je n’ai pas une tête d’alibi ! », ajoute le leader de la CGT. Lui souhaite que le sommet social du 17 soit l’occasion de parler des « grands sujets » qui font phosphorer sa centrale : salaires, temps de travail, partage des richesses, conditions de travail et fonction publique en priorité. Sera-t-il entendu ? Du côté de l’Élysée, les thèmes abordés seront plutôt : réforme de la formation et de l’apprentissage (actuellement en débat au Parlement), plan pauvreté (qui doit être relancé à la rentrée) et surtout assurance-chômage. Une nouvelle négociation à laquelle Emmanuel Macron a appelé à l’occasion de son discours devant le Congrès, à Versailles, début juillet en vue d’une réforme effective fixée « au printemps 2019 » avec en ligne de mire la création d’une allocation longue durée potentiellement destinée à remplacer l’Allocation de solidarité spécifique (ASS), mais aussi l’établissement de « nouvelles règles d’indemnisation » afin de réduire « le développement de la permittence et de la précarité ». La question des contrats courts fera sûrement son retour à cette occasion. Le gouvernement a d’ailleurs déposé, le 10 juillet, un amendement visant à autoriser l’ouverture de cette négociation dès la promulgation de la loi « Avenir professionnel »… dont l’un des volets est précisément consacré à réformer l’assurance-chômage.

Auteur

  • Benjamin D’Alguerre