C’est David Bach qui le dit dans le magazine web Yale Insights. Si l’équipe de football d’Allemagne avait gagné la Coupe du monde il y a quatre ans, c’était en raison de son excellent management. Et c’est le même management qui la perdrait aujourd’hui ! Pourquoi ? En raison de l’aversion au risque, soutient ce chercheur. De fait, après avoir remporté une fois la Coupe, la pression pour faire un doublé est élevée. Or quoi de mieux, si l’on veut éviter les risques, que de parier sur une équipe qui gagne ? Mais en sélectionnant des vétérans, comme l’a fait la Mannschaft, mais aussi toutes les autres équipes qui ont gagné une fois la Coupe pour se faire lamentablement sortir à la suivante, on parie sur l’expérience, certes, mais on se prive également de sang neuf. Facile à comprendre…

Mais alors pourquoi les coaches allemands, et les autres avant eux qui ont connu des défaites cuisantes, n’y ont pas pensé ? « Parce que c’est difficile pour un coach de laisser un joueur aguerri, quasiment encore au sommet de son art, à la maison au lieu de le sélectionner », répond David Bach. Mieux, « si le joueur aguerri ne réussit pas, lui et le coach sont blâmés à égalité, tandis qu’en cas de défaite d’une équipe faite de jeunes joueurs seulement, le coach doit endosser la plus grande partie de la responsabilité », poursuit-il. Pourtant, ajoute ce fin psychologue, « des joueurs qui ont déjà gagné une coupe ont moins “faim” pour une autre que des nouveaux venus dans le jeu. Conséquence, le coach, en sélectionnant des “anciens” qui ont déjà prouvé ce qu’ils valaient, fait exactement le contraire de ce qu’il devrait faire pour s’assurer d’un nouveau succès ! ».

Y a-t-il un enseignement dans les déboires des équipes de foot ? Absolument, estime le spécialiste de Yale, et encore plus en ce qui concerne le management dans les entreprises. « Le plus difficile est de faire dévier un manager du chemin qui l’a conduit au succès dans le passé », précise ainsi David Bach. Et c’est, conclut-il, l’une des raisons majeures pour lesquelles les organisations ont tant de difficultés avec le changement. Rares sont les comités exécutifs qui demandent que le PDG s’embarque dans de nouvelles aventures au lieu de continuer à parier sur ce qui marche… Pourtant, « ce qui vous a amené ici ne vous emmènera pas là-bas », dit l’adage…