Artisans et professionnels libéraux veulent disposer de leur propre opérateur de compétences. En toute discrétion, les négociations entre l’U2P (Union des entreprises de proximité) et les cinq syndicats de salariés ont été entamées courant juin en vue de transformer Actalians, l’actuel Opca des professions libérales, en futur opérateur de compétences (« Opcom ») des entreprises de proximité.

Nous espérons que les négociations aboutiront en juillet », confie Alain Griset, le président de l’U2P. Si les discussions venaient à se conclure positivement, elles déboucheraient sur un protocole d’accord que les partenaires sociaux du monde de l’artisanat et des professions libérales soumettraient à l’État en vue de l’agrément du nouvel opérateur de compétences dès la mise en œuvre effective de la réforme. Côté patronal, on se dit plutôt confiant : « Même les syndicats de salariés semblent approuver le projet », indique le président de l’U2P. Sans préjuger de l’issue des négociations, les travaux préliminaires à l’extension du périmètre d’Actalians ont déjà débuté sous la conduite d’Alain Griset, Michel Chassang, président de l’Union nationale des professions libérales (UNAPL) et Philippe Gaertner, son homologue de la Fédération des syndicats pharmaceutiques de France (FSPF).

L’idée d’un Opca de l’artisanat n’est pas neuve. L’UPA (devenue l’U2P en 2016 après sa fusion avec l’UNAPL) avait à plusieurs reprises caressé l’idée de disposer de « son » organisme paritaire collecteur-répartiteur des fonds de la formation à l’image du Medef (avec Opcalia) ou de la CPME (avec Agefos-PME). L’Union avait toujours dû y renoncer en raison soit de difficultés techniques, soit de conflits d’intérêts entre ses branches. La réforme qui s’annonce et la volonté du gouvernement de réorganiser les Opca en opérateurs de compétences selon une logique de filières « économiquement cohérentes » semblent constituer l’occasion de franchir le pas. « Actuellement, l’artisanat est divisé en une vingtaine d’Opca. Cette structuration manque de visibilité et de lisibilité », regrette Bernard Stalter, président de l’Union nationale des entreprises de coiffure (Unec) et de l’Assemblée permanente des chambres de métiers de l’artisanat (APCMA).

Ambitieux, le projet risque cependant de bousculer le champ des actuels Opca, déjà bien ébranlé par les préparatifs de la réforme à venir. Ainsi, la Capeb (artisanat du bâtiment), l’une des colonnes vertébrales de l’U2P et actuellement partie prenante de Constructys, l’Opca du BTP, a d’ores et déjà annoncé ne pas souhaiter être associée au projet. « Pour l’instant… », tempère Alain Griset.