logo Info-Social RH
Se connecter
Newsletter

À la une

La réforme comme idéal

À la une | publié le : 07.02.2018 | Pascale Braun

Ex-secrétaire national de la CFDT, Jean-Louis Malys revendique la culture du compromis et estime que le concept de lutte des classes rend aveugle.

Quelques mois avant de quitter ses fonctions de secrétaire général de la CFDT, Jean-Louis Malys a commencé à coucher sur le papier les réflexions parfois indignées que lui inspirait l’adoption tumultueuse de la loi El Khomri. D’abord focalisé sur les profondes divergences entre réformistes et contestataires apparues lors de l’été 2016, le propos a largement débordé de son thème initial pour aboutir à un essai libre et sincère. « Agir pour un idéal imparfait1 » revient sur les origines des clivages syndicaux français, puis s’ouvre aux problématiques de l’engagement citoyen. Ex-militant maoïste, Jean-Louis Malys tacle sévèrement la CGT, à laquelle il a adhéré en 1974, avant de cofonder la CDFT des hauts-fourneaux d’Uckange (Moselle). Il voit dans la prééminence de la notion de lutte de classes un aveuglement dogmatique, dénonce la tentation de la violence et se défend des accusations de connivence portées contre la CFDT. Réformiste assumé, il renvoie dos à dos « ceux qui ont comme ennemi commun le compromis » et prône une implication collective dans la stratégie de l’entreprise. Il dépeint non sans ironie le rituel de la « grève reine », auquel il préfère les négociations à froid. En dépit de ces divergences, Jean-Louis Malys constate que sur le terrain et même dans les instances nationales, les dirigeants syndicaux se respectent. Il en déduit qu’une unité syndicale ponctuelle reste possible et préfère voir dans les débordements de la contestation de la loi Travail « l’écume visible d’une société hystérisée et dépressive qui se complaît dans le pessimisme ». Résolument optimiste, Jean-Louis Malys préfère « offrir des perspectives et de l’espoir plutôt que des constats d’impuissance ». Les jeunes générations de syndicalistes y trouveront des repères historiques, des portraits de leurs aînés et l’esquisse d’un idéal imparfait, mais vivable, et parfois même heureux.

(1) Éditions de l’Aube, 2017, 193 pages, 18,90 euros.

Auteur

  • Pascale Braun