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Idées

Le travail : l’hebdomadaire Le Un fait le bilan

Idées | Livres | publié le : 07.02.2018 | Lou-Eve Popper

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Le travail : l’hebdomadaire Le Un fait le bilan

Crédit photo Lou-Eve Popper

Après Daech ou Les Médias, Éric Fottorino, fondateur du journal Le Un, consacre un nouveau volume de sa collection Les Indispensables au travail. Cent pages qui éclairent les débats actuels sur la fin du labeur tel que nous le connaissons.

Se dirige-t-on vers la fin du salariat ? Le Code du travail est-il responsable de l’aggravation du chômage en France ? Les nouvelles technologies vont-elles réellement nous permettre de nous émanciper des tâches les plus ingrates ? Ces questions ont été l’objet de nombreux articles dans l’hebdomadaire Le Un depuis sa création en 2014. Les textes – écrits aussi bien par des juristes, des syndicalistes, des journalistes que par des écrivains et des essayistes – sont aujourd’hui réunis dans un ouvrage collectif, publié sous la direction d’Éric Fottorino.

Venant de ce dernier, réputé plutôt favorable à Emmanuel Macron, on aurait pu craindre un ouvrage à la gloire des orientations prises par le nouveau gouvernement. Que nenni ! En bon journaliste, le rédacteur en chef de Le Un a pris soin de faire s’affronter des avis divergents sur les mutations du travail. Certes, il y a bien sûr les experts intimement convaincus qu’il faut simplifier le droit du travail pour créer de l’emploi. Ceux-là même qui l’écrivent ont d’ailleurs de solides arguments pour étayer leur discours. Il suffit pour s’en convaincre de lire la double interview de Robert Badinter et Antoine Lyon-Caen ou celui de ce chef d’entreprise, Éric Girard. Mais face à eux, de solides contradicteurs n’hésitent pas à relever le gant, comme l’économiste de renom Thomas Coutrot, qui assure par exemple que le niveau de chômage enregistré actuellement tient d’avantage « aux déficits budgétaires permanents et à une création monétaire incessante, qui gonfle des bulles de dettes et de spéculation » qu’à l’absence de flexibilité du travail.

Lumineux et efficace, cet ouvrage collectif s’inscrit donc bien dans la ligne éditoriale de l’hebdomadaire : il nous fournit une cartographie des débats en cours et détaille les tendances les plus palpables. La journaliste Anne-Sophie Novel s’emploie par exemple à imaginer à quoi ressemblera le travail de demain. Sa chronique, comme les entretiens des économistes Jérémy Rifkin sur la troisième révolution industrielle, Pierre Cahuc sur l’explosion des CDD très courts, ou Daniel Cohen sur la nécessité d’un Smic, sont autant d’invitations à creuser le sujet.

La structure du livre elle-même stimule l’intellect : la plupart des textes se suivent et se répondent et permettent ainsi au lecteur de se forger une opinion. Autre point fort : le livre fait la part belle aux écrivains. Outre qu’ils permettent au lecteur de respirer un peu, les textes de David Foenkinos et de Philippe Claudel disent des choses tout aussi essentielles sur le monde du travail et sa violence que les juristes les plus pointus.

On regrettera seulement, dans Réinventer le travail, la présence pour le moins discrète des femmes. Au total, seules cinq d’entre elles ont été sollicitées pour les vingt-trois chroniques.

Réinventer le travail

, sous la direction d’Eric Fottorino, Editions Philippe Rey, 96 pages, 9 euros.

Auteur

  • Lou-Eve Popper