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Philippe Canonne

Liaisons Sociales Magazine | Associations | publié le : 03.02.2014 | Stéphane Béchaux

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On peut faire parti des dirigeants de la Fnac et ne pas être un pro de la prise de vues. « Vous sauriez me dire pourquoi mon appareil prend des clichés qui tirent sur le vert ? » demande le tout nouveau DRH du groupe au photographe venu lui tirer le portrait. D’ici à quelques semaines, nul doute que l’intéressé aura trouvé, dans la maison, l’ultraspécialiste capable de le renseigner sur les subtilités de son Nikon.

Mais, en ce début d’année 2014, une semaine après son entrée en fonction, il tâtonne. Et s’emmêle encore dans les noms des différentes entités – Fnac Paris, Codirep, Fnac Relais… – qui regroupent les magasins selon leur taille et leur implantation. Des lacunes qu’il devrait très vite combler.

Si Philippe Canonne n’a jamais exercé dans l’univers du disque, du livre ou des produits technologiques, il ne part pas pour autant de zéro. Pendant presque dix ans, jusqu’à l’été 2013, il a en effet dirigé les RH de Sephora. « Dans les deux entreprises, on exerce un métier de commerçant, qui achète puis revend. Dans la vente au détail, le capital, c’est la main-d’œuvre, qu’il faut former à ses méthodes, à ses spécificités », constate-t-il.

Les deux sociétés ont beau pratiquer le même art, elles ne sont pas inscrites dans le même cycle économique. Au cours de la dernière décennie, le parfumeur a explosé ses ventes et ouvert des boutiques aux quatre coins du monde. Introduite en Bourse l’an dernier faute de repreneur, la filiale de Kering (ex-PPR) a, elle, vendu ses magasins en Italie et se cherche un nouveau modèle pour survivre à la numérisation des produits culturels. Depuis deux ans, elle enchaîne les PSE : aux 500 suppressions de postes annoncées en 2012, dont 300 en France, sont venus s’ajouter les départs prochains de quelque 180 disquaires.

Hier développeur, le nouveau DRH jure pourtant ne pas avoir été recruté par Alexandre Bompard pour jouer les cost killers. Une sale besogne remplie par son prédécesseur, Dominique Brard, restée en poste deux ans avant de rejoindre le groupe pharmaceutique Ipsen. « À 58 ans, ce n’est pas le genre de mission que j’ai envie de mener. La Fnac est engagée dans la transformation de son modèle com­mercial pour faire du multicanal. Mon job, c’est d’accompagner et de former les salariés et les managers », insiste cet ancien avocat, qui a défendu pendant dix ans la cause des salariés dans son cabinet dunkerquois. Avant de changer de costume, au tournant des années 1990, pour prendre en charge des fonctions RH chez Unisys, Crown Cork & Seal puis La Redoute.

Des habits de dirigeant parfaitement assumés. Salué par une haie d’honneur, faite par ses collaborateurs, lors de son départ de Sephora, ce fan de moto – il vient de parcourir la partie sud de la mythique Road 66 en Harley-Davidson ! – laisse une image plus contrastée côté syndical. Non pas pour sa forte personnalité, ses coups de gueule et son style direct, plutôt appréciés.

Mais pour sa politique sociale, consistant davantage à serrer la vis qu’à délier les cordons de la bourse. « Il a beaucoup développé l’image RH de Sephora pour en faire un employeur de référence. Il a d’ailleurs gagné des prix pour ça. Mais pour les salariés, ça n’a rien changé. On est devenus la vache à lait de LVMH, la politique salariale n’a absolument pas suivi », dénonce Sandra da Costa, déléguée syndicale à la CFTC. Une organisation réformiste qui, en tête chez le parfumeur, pèse très peu dans sa nouvelle maison. Contrairement à la CGT ou à la CFDT, qui peuvent s’avérer autrement plus remuantes.

Auteur

  • Stéphane Béchaux