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En 2011, la GRH reprend ses droits

Entreprise et carrières, 18/05/2011 | GRH - Gestion des ressources humaines | publié le : 18.05.2011 | EMMANUEL FRANCK

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L’étau de la crise économique se desserre, l’avenir s’éclaircit un peu, les DRH retrouvent quelques marges de manœuvre. Le baromètre Défis RH 2011 réalisé par Inergie pour le compte de l’ANDRH et d’Entreprise & Carrières incite à un optimisme raisonnable pour 2011.

« La confiance des DRH en l’avenir progresse timidement, on trouve quelques signaux RH positifs significatifs d’une tendance de reprise – augmentation des plans de recrutement, niveau de l’intérim, baisse du gel des salaires –, mais de là à dire que les entreprises sont en sortie de crise, il y a un pas », commente Luc Vidal, directeur associé d’Inergie, en charge de la réalisation du baromètre Défis RH 2011*, en exclusivité pour l’ANDRH et Entreprise & Carrières.

Après deux années passées à gérer les conséquences sociales de la crise économique, les DRH peuvent de nouveau adopter une attitude plus offensive. « Tous les indicateurs de positionnement de la fonction RH progressent, c’est le signe que cette dernière retrouve du poids dans l’entreprise », se réjouit Jean-Christophe Sciberras, président de l’ANDRH, dont les adhérents ont accepté de répondre à notre enquête. Par rapport au précédent baromètre mené en 2010, les DRH peuvent davantage s’investir dans le soutien aux managers (+ 4 points) et aux salariés (+ 5 points), et ils retrouvent l’oreille de la direction générale (+ 8 points) ainsi qu’une influence sur la stratégie de l’entreprise (+ 7 points).

Plus confiants en l’avenir

Le contexte économique difficile a désormais moins d’incidences sur l’activité de leur entreprise (voir graphique p. 24). De fait, les DRH sont davantage confiants en l’avenir qu’ils ne l’étaient en 2010 : 79 % sont confiants dans la santé de leur entreprise pour les mois à venir (+ 3 points), et 72 % croient à la croissance de leur secteur (+ 4 points). En revanche, leur jugement sur l’action du gouvernement pour encourager la reprise est toujours aussi pessimiste : 22 % sont plutôt confiants (+ 1 point).

Au cours de l’année précédente, les DRH ont pu relâcher un peu la pression sur l’emploi et sur les salaires. Certes, ils sont encore 57 % à avoir dû gérer une réorganisation, autant qu’en 2009. Mais 40 % déclarent avoir recouru à l’intérim, et 34 % ont organisé un plan de recrutement contre 27 % dans notre baromètre Défis RH 2010.

Dans le même temps, les réductions de masse salariale ont été moins importantes : 16 % des DRH déclarent avoir eu à gérer un PSE (18 % dans notre précédent baromètre), et 6 % du chômage technique et/ou partiel (15 % précédemment). En outre, la proportion de DRH ayant dû geler les salaires en 2010 a baissé de 10 points : 22 % contre 32 % en 2009. Est-ce en raison de cet effort que la question des rémunérations ne semble pas inquiéter les DRH en 2011 ? Alors que les revendications salariales progressent, leur sérénité sur ce sujet est une des surprises du baromètre (lire p. 26).

C’est le législateur qui fixe en grande partie les priorités des DRH. Comme en 2010, ceux-ci se mobilisent en premier lieu sur le dialogue social (voir graphique p. 26). C’est logique, dans la mesure où le législateur confie de plus en plus de dossiers à la négociation d’entreprise – prochainement, les modalités de la prime contre dividendes.

Après la médiatisation des suicides à France Télécom et les injonctions du gouvernement à signer des accords sur le stress, les entreprises ont fait de la prévention des risques psychosociaux leur deuxième sujet de mobilisation – elle n’était qu’en quatrième position en 2010.

Attirer les talents

Les chantiers rattachés à des considérations économiques (l’attraction des talents et la mise en place d’une GPEC) se situent à peu près au même niveau que l’année dernière dans l’agenda des DRH. Il apparaît cependant que ces derniers sont davantage préoccupés par les talents et moins par la GPEC. Signes, sans doute, d’une évolution du marché de l’emploi en faveur des salariés.

Les autres sujets de mobilisation sont principalement l’emploi des seniors, la révision des accords 35 heures, l’intégration des personnes handicapées et la pénibilité. S’agissant de la révision des accords 35 heures, qui mobilise tout de même 20 % des répondants, on peut se demander si ces derniers réagissent au débat sur le temps de travail, relancé au début de l’année par Jean-François Copé (UMP) et par Manuel Valls (PS) notamment, ou s’ils pensent à un chantier en cours dans leur entreprise.

Pour Jean-Christophe Sciberras, les deux hypothèses ne sont pas exclusives l’une de l’autre : « En période de reprise d’activité, la charge de travail augmente, or les entreprises mettent un peu de temps à embaucher ; cela se traduit donc, dans un premier temps, par une surcharge de travail, surtout pour celles qui ont réduit leurs effectifs pendant la crise. D’un autre côté, les DRH ont entendu le débat sur les 35 heures en début d’année ; ils restent prudents sur ce sujet, car ils savent que revenir sur les 35 heures signifie aussi remettre sur la table la flexibilité et la modération salariale. »

Conflits sociaux

Une proportion croissante de DRH anticipe des tensions sur la question du temps de travail. D’une manière générale, assez peu de DRH (31 %) redoutent d’avoir à faire face à un conflit social en 2011. Lorsque c’est le cas, le sujet “chaud” le plus souvent cité est la réorganisation de l’entreprise, devant les rémunérations, les conditions de travail, le maintien de l’emploi et le temps de travail.

Le plus frappant est cependant que, d’une année sur l’autre, « le risque de conflit s’est reporté des rémunérations vers le temps de travail », constate Luc Vidal. Dans notre précédent baromètre, 15 % des DRH qui craignaient un conflit social pensaient qu’il porterait sur le temps de travail, ils sont 27 % cette année. A contrario, 51 % des DRH pensaient en 2010 qu’ils risquaient un conflit sur les rémunérations, ils ne sont plus que 37 % cette année. Tout se passe comme si les DRH étaient en train de fourbir leur argument face aux revendications salariales en progression : des augmentations de salaire contre de la flexibilité. Là sera peut-être le grand défi des DRH pour 2011.

L’ESSENTIEL

1 Dialogue social, prévention du stress, attraction des talents, emploi des seniors et révision des accords 35 heures : telles sont les priorités des DRH cette année, selon notre baromètre exclusif Défis RH 2011.

2 Les contraintes de la crise économique se font moins sentir ; en conséquence, les DRH retrouvent un peu de marge de manœuvre sur l’emploi, les salaires et la GRH.

3 Étonnamment, la question salariale n’inquiète pas les DRH malgré l’augmentation des revendications.

Fiche technique

Les 158 répondants sont pour 56 % des DRH et pour 33 % des RRH ; 11 % occupent une autre fonction RH. Ils travaillent pour 24 % dans des entreprises employant plus de 2 000 salariés ; pour 8 % dans des entreprises de 1 000 à 2 000 salariés ; pour 25 % dans des entreprises de 500 à 1 000 salariés et pour 43 % dans des entreprises de moins de 500 salariés. La moitié de ces entreprises appartiennent au secteur des services ; 42 % à celui de l’industrie, et 7 % à l’administration et aux services publics.

Auteur

  • EMMANUEL FRANCK