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Les affections psychiques augmentent en entreprise

Entreprise & Carrières | Relations Sociales | publié le : 01.02.2018 |

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Selon un récent rapport de l’Assurance maladie, la souffrance psychique au travail croît depuis plusieurs années en France. Principales victimes : les femmes dans le secteur médico-social, les transports et le commerce de détail. 

Burn-out, troubles anxieux, dépression… les affections psychiques liées au travail ne cessent de croître en France depuis cinq ans. C’est le constat effectué par l’Assurance maladie dans son rapport « Santé travail : enjeux et actions », publié le 16 janvier. En 2016, plus de 10 000 affections psychiques ont été reconnues comme accidents du travail. Bien sûr, cela représente seulement 1,6 % des accidents de travail avec arrêt. Mais ce qui inquiète, c’est que ces chiffres augmentent alors que la « sinistralité » au travail a tendance à diminuer, grâce à l’amélioration de la sécurité et du confort dans certains secteurs à risque. Autre indicateur inquiétant : 596 affections psychiques (en majorité des dépressions) ont été reconnues en maladies professionnelles en 2016, soit 7 fois plus qu’il y a cinq ans ! Selon l’Assurance maladie, cette progression serait due « à l’augmentation du nombre de pathologies psychiques liées au travail » mais aussi à un assouplissement de la procédure de reconnaissance de ces maladies.

Surtout les femmes…

À l’origine d’une affection psychique, il peut y avoir deux événements déclencheurs : soit un événement extérieur lié au travail, comme un choc ou un stress (braquage, agression, menace…), soit la difficulté même des conditions de travail, qui entraîne la dépression ou l’anxiété. Or, selon le rapport, ces affections concernent majoritairement les femmes (60 % des cas), employées, âgées d’environ 40 ans. L’une des explications est que les femmes sont très présentes dans les secteurs les plus touchés : le secteur médico-social, les transports (particulièrement le transport de voyageurs) et le commerce de détail. « Ces trois secteurs ont en commun un lien avec le public, ce qui peut générer de la tension et être source de stress », explique Marine Jeantet, directrice des risques professionnels à l’Assurance maladie. De même, l’étude révèle que la fréquence la plus élevée d’affections psychiques se situe dans la catégorie des employés, qui connaît « le plus grand déséquilibre entre efforts et récompenses au travail ».

Mieux accompagner les victimes

Dans le cas d’une affection psychique, l’arrêt de travail est particulièrement long. Il s’élève en moyenne à 112 jours pour les accidents du travail (contre 65 dans les autres cas) et à 400 jours pour une maladie professionnelle. Après ces longs mois d’arrêt, le retour au travail est plus compliqué, notamment parce que la victime ne peut être réexposée au risque. « C’est un véritable sujet de prévention. Il est important d’associer l’employeur en amont afin d’éviter l’épuisement de ces personnes, ajoute Marine Jeantet. Parallèlement, il faut améliorer l’accompagnement des victimes, les aider à faire reconnaître leurs droits, en encourageant la déclaration des sinistres. L’objectif est de réussir leur réinsertion dans le monde du travail. » C’est dans l’intérêt de chacun, salarié comme employeur.

Une prévention nécessaire en entreprise

Les troubles psychosociaux relèvent de la responsabilité de l’employeur. C’est à lui, une fois le diagnostic posé, d’effectuer les démarches et de mettre en place un plan d’action. Ce processus peut s’avérer plus long et plus compliqué que pour les autres risques. L’Assurance maladie incite donc les entreprises à ne pas rester seules et à s’appuyer sur les différents acteurs du secteur. Par exemple, le dispositif mis en place sur le site de l’Institut national de recherche et de sécurité (INRS) : des supports d’information et de sensibilisation, des guides pour évaluer les risques, élaborer un diagnostic ou piloter les démarches de prévention. Ensuite, pour pouvoir traiter ces risques, il faut souvent des compétences particulières. L’entreprise peut alors proposer des formations en interne ou faire appel à des consultants externes, en sollicitant son service de santé au travail ou sa caisse régionale.