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États-Unis : accenture recrute américain

Sur le terrain | International | publié le : 21.03.2017 | Caroline Crosdale

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États-Unis : accenture recrute américain

Crédit photo Caroline Crosdale

Accenture va augmenter ses effectifs en recrutant aux États-Unis. Une manière de prendre de l’avance sur la prochaine révision annoncée par Donald Trump du visa H1B, qui permet aux étrangers de venir travailler dans le pays.

La société de conseil Accenture vient d’annoncer 15 000 embauches de personnels très qualifiés aux États-Unis. Ce qui doit accroître ses effectifs de 30 % dans le pays d’ici à 2020 pour atteindre 65 000 salariés. Son siège social est en Irlande ; son Pdg est français, mais le groupe a de plus en plus l’accent américain : 46 % pour cent de son chiffre d’affaires est réalisé aux États-Unis.

Cela justifie l’embauche d’ingénieurs, d’analystes, d’experts en informatique, sécurité, science du cloud… et un investissement aux États-Unis de 1,4 milliard de dollars en formation.

Mais l’annonce d’Accenture traduit aussi un revirement dans sa politique d’emploi. Les mauvaises langues diront même qu’Accenture a très vite changé son fusil d’épaule en passant du statut d’importateur d’ingénieurs IT à celui de créateur d’emplois américains. La raison tient notamment dans les menaces que le nouveau président Donald Trump fait peser sur un visa très particulier, le H1B, qui permet à certains employeurs de faire travailler des étrangers sur le sol américain. Accenture, aux côtés des géants du conseil Tata, Cognizant, Wipro, Infosys, IBM, etc., fait en effet partie des bénéficiaires du visas H1B. Le programme qui démarre chaque année au début du mois d’avril, ouvre les portes du pays à 85 000 talents étrangers, pour trois ans renouvelables une fois.

Le visa H1B est très populaire dans le monde. L’an dernier, les candidatures étaient trois fois supérieures au plafond annuel autorisé. Pourtant, les prometteuses start-up de la Silicon Valley parviennent rarement à obtenir le fameux visa pour leurs prospects, car les géants des technologies de l’information squattent le système : chaque individu n’a droit qu’à un seul dossier, mais les grandes entreprises peuvent multiplier les candidatures d’ingénieurs, ce qui leur donne un net avantage, lorsque le gouvernement tire au sort les noms des gagnants. C’est ainsi que Tata, Wipro, Infosys… font venir aux États-Unis des spécialistes en IT qui gèrent les services informatiques de leurs clients, pour des salaires bien inférieurs à ceux de leurs confrères américains.

La loi protège théoriquement les Américains en imposant une rémunération minimum. Mais elle avoisine les 60 000 dollars annuels, loin du salaire accordé aux locaux. L’expert en sous-traitance, Ronil Hira, professeur de l’université Howard, estime que les immigrants sont payés en moyenne 40 % moins cher que leurs homologues américains.

Le visa H1B était donc une aubaine pour les entreprises de conseil. C’est ainsi qu’en 2013, Accenture a pu faire venir aux États Unis 3 187 talents étrangers, puis 2 275 l’année suivante. Et, si l’on en croit le magazine Computer World, 3 227 salariés d’Accenture sont arrivés aux USA en 2015. La société avait, cette année-là, déposé plus de 14 300 dossiers.

Mais Donald Trump veut changer le système. Son décret présidentiel souligne que « la priorité doit être la protection des travailleurs américains – nos oubliés – et leurs emplois ». D’où une flopée de projets de lois, prévus pour réformer le H1B. Et l’ajustement des stratégies d’entreprises.

Bataille d’influence

Accenture embauche donc local. Cognizant Technology Solutions aussi : le groupe dit avoir ouvert ses portes à 4 000 Américains en 2016. Et la résistance s’organise. Le premier ministre indien, Narendra Modi a reçu en février à New Delhi une délégation d’élus américains afin de leur rappeler l’importance du H1B pour les élites du pays. Nasscom, le représentant indien des grands groupes IT, booste ses efforts de lobbying à Washington. L’organisation a dépensé l’an dernier 440 000 dollars pour la cause. Et les Indiens Tata, Infosys et Wipro ont ouvert des écoles de formation aux États-Unis pour enseigner le B.A.-BA technique en deux à trois ans et recruter sur place.

Pour l’heure, le fantasque occupant de la Maison-Blanche, avec ses tweets « Achetez américain, embauchez américain », semble remporter la bataille d’influence.

Dans les médias

WORKFORCE.COM El Tequila, pire employeur de l’année

Le pire employeur de l’année 2017 est El Tequila. Cette chaîne de restaurants mexicains de Tulsa dans l’Oklahama tenait une double comptabilité. La première, très officielle, enregistrait pour ses employés une durée hebdomadaire du travail d’un maximum de 40 heures. L’autre comptabilité notait le véritable nombre d’heures travaillées, bien supérieur. Une inspection du ministère du Travail a valu à El Tequila une amende de 650 000 dollars. Une autre amende de 636 000 dollars pour truquage du système de pointage s’est ajoutée à la précédente.

9 mars 2017, Workforce.com, publication multimédia, spécialisée en ressources humaines.

NEW YORK TIMES L’assurance santé à la Chambre des représentants

Les élus républicains de la Chambre des représentants viennent de présenter l’American Health Care Act, prévu pour remplacer Obamacare. Le projet de loi supprime un certain nombre de taxes qui aidaient au financement d’Obamacare. L’obligation d’être assuré disparaît. Les subventions de l’Etat pour aider les assurés à payer leurs cotisations aussi. Elles sont remplacées par des promesses d’allégement d’impôts, beaucoup moins généreuses. Hôpitaux, médecins, infirmières et élus démocrates s’y opposent. La Chambre de commerce y est favorable.

9 mars 2017, New York Times, quotidien généraliste.

Auteur

  • Caroline Crosdale