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Sur le terrain

Conditions de travail : RhenaRoll Allège les nuits

Sur le terrain | publié le : 05.11.2018 | Mathieu Noyer

La PME de métallurgie a supprimé une nuit de son organisation en travail posté et elle a changé son calendrier et ses programmes de production pour diminuer la pénibilité en nocturne.

Presque par surprise, RhenaRoll a revu son travail de nuit. Le sujet s’est invité à l’agenda social de la PME de métallurgie de Biesheim (Haut-Rhin) sans y avoir été inscrit. « Nous avions entamé nos actions en 2013 par la prévention et la correction de la pénibilité physique. Nous avons poursuivi par une étude sur les risques psychosociaux et c’est alors que le sujet de la pénibilité de l’organisation en 3 x 8 a surgi parmi les salariés », relate Francis Ringler, directeur général. En particulier, des collaborateurs qui avaient connu d’autres expériences comme le 5 x 8 – également pratiqué par le principal client – ont estimé la répartition du temps de travail perfectible. Le brainstorming s’est mis en place sans formalisme particulier dans cette petite entreprise de 20 salariés, en association avec le délégué du personnel. RhenaRoll s’est fixé deux caps. D’une part, pour prévenir les risques accrus de pénibilité la nuit, elle a exclu de ces postes des manutentions de charges lourdes et des activités requérant la concentration et la « mobilisation intellectuelle » les plus importantes. D’autre part, sur le calendrier, l’idée s’est imposée de retirer une nuit, en l’occurrence celle du mercredi ce qui évite de travailler plus de deux nuits consécutives. Le changement s’est inscrit dans une réorganisation plus large qui a cassé la séquence une semaine entière du matin, la suivante d’après-midi puis la troisième de nuit. Elle lui a substitué un dispositif plus subtil reposant sur le principe : pas plus de trois postes de suite au même moment de la journée. Sollicitée pour avis, la Carsat Alsace-Moselle a validé la pertinence. Une telle évolution s’inscrit en effet dans les recommandations à développer les rotations sur des périodes courtes.

Samedi matin

« De notre point de vue, la réorganisation devait toutefois laisser inchangé le nombre de postes sur une semaine, soit 15. Pour compenser l’arrêt du mercredi nuit, nous avons instauré le travail du samedi matin, avec la même majoration salariale », souligne Francis Ringler. Pour la direction, cette option présente l’avantage de lisser la forte activité de fin de semaine qui rendait les vendredis après-midi et soir particulièrement tendus. La proposition a été transmise aux salariés via le délégué du personnel. Au bout d’une période de lancement de deux mois, le nouveau rythme a été évalué par la Carsat au moyen d’un entretien dirigé et de plusieurs tests de somnolence (méthode Epworth) et de fatigue. Sur les 13 salariés postés, 10 affichent un bilan favorable avec une amélioration de la qualité de vie. Deux ont accusé une dette de sommeil, « dont nous avons constaté qu’elle était imputable à leurs habitudes personnelles », souligne Laurence Weibel, chronobiologiste à la Carsat Alsace-Moselle. Une treizième personne, opposée au travail du samedi matin pour convenances personnelles, a dû suivre le nouveau rythme. Celui-ci a également été approuvé par le médecin du travail. « Le principal inconvénient, je le reconnais, c’est le temps de travail qui rogne sur le week-end mais sur ce point, je n’ai pas la solution », concède Francis Ringler. Pour le directeur général, au bout de quelques mois d’application, le changement d’horaires est synonyme d’« amélioration de qualité et de baisse de l’absentéisme ». La PME entretient la flamme par des journées de sensibilisation à la chronobiologie.

Exemples locaux

L’expérience de RhenaRoll a été présentée lors du forum sur le travail de nuit qu’a organisé la Carsat Alsace-Moselle au début du mois dernier. La Caisse a ainsi souhaité confronter à des exemples locaux concrets les conclusions des études qui ont fait florès depuis la précédente édition du forum, tenue il y a cinq ans. Le travail de référence est l’« expertise collective » de l’Anses en 2016 qui dresse l’état de la littérature sur les risques sanitaires du travail de nuit.

Auteur

  • Mathieu Noyer