L’industrie française se distingue dans l’UE par un haut niveau d’investissements, qui pèsent 26 % de sa valeur ajoutée en 2016 contre 19 % en Allemagne, selon Eurostat. Mais ils n’entraînent pas une productivité du travail supérieure : 51,30 €/h contre 53,50 €/h en 2015 dans le secteur manufacturier. Étrange « paradoxe », sur lequel se penchent France stratégie et la Fabrique de l’industrie, respectivement organe du gouvernement et think tank, dans une étude du 26 octobre. Il s’expliquerait en partie par la concentration des investissements dans les actifs immatériels (R & D, logiciels, bases de données et propriété intellectuelle, selon la comptabilité nationale), au détriment des actifs matériels. Un choix qui pourrait être plus payant sur le long terme. Ce taux d’investissement immatériel atteint 16,8 % dans l’industrie en France en 2015, contre 9,2 % en Allemagne et 7,5 % au Royaume-Uni. Seule la Suède fait mieux en Europe. Plus spécifiquement, le taux d’investissement en R & D atteint 10,7 % en 2016 dans l’industrie contre 8,4 % en Allemagne. Il est aussi supérieur aux autres pays européens, à l’exception encore une fois de la Suède. Là où le bât blesse, c’est dans le taux d’investissement en machines et équipements, plus bas en France qu’en Italie, en Allemagne et en Suède. De plus, les industriels déclarent « investir prioritairement dans le renouvellement-remplacement des équipements plutôt que dans la modernisation et l’extension de capacités pour de nouveaux produits ». Cette préférence pour l’immatériel pourrait refléter une dichotomie entre des « activités de conception » localisées sur le territoire domestique et des « activités de fabrication » plutôt délocalisées à l’étranger.