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Denis Monneuse : Du côté de la recherche

Chroniques | publié le : 26.11.2018 | Denis Monneuse

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Denis Monneuse : Du côté de la recherche

Crédit photo Denis Monneuse

La force des faibles

En 2012, Brené Brown

publiait Le Pouvoir de la vulnérabilité : la vulnérabilité est une force qui peut transformer votre vie (Daring Greatly : How the Courage to Be Vulnerable Transforms the Way We Live, Love, Parent, and Lead en anglais)1. Dans cet ouvrage, cette professeure en sciences sociales à l’université de Houston montrait que le courage d’exposer aux autres sa vulnérabilité était positif à de nombreux égards. Ce livre a donc eu une influence dans le domaine du développement personnel.

Mais ne serait-ce pas suicidaire

pour sa carrière d’oser exprimer ses faiblesses dans le domaine professionnel ? Demander de l’aide ou reconnaître une erreur est risqué quand il faut afficher au contraire une grande confiance en soi, laisser ses émotions au vestiaire et se montrer infaillible. Montrer sa vulnérabilité pourrait faire peur à ses collègues et à ses responsables hiérarchiques. Non seulement ils peuvent être déstabilisés par l’irruption de ce genre d’expression, mais ils peuvent aussi perdre confiance dans les capacités de travail de l’individu qui reconnaît lui-même ses limites. Par la suite, les salariés peuvent y réfléchir à deux fois avant d’exprimer leur vulnérabilité et préférer dissimuler celle-ci.

Anna Bruk, Sabie Scholl, Herbert Bless,

chercheurs à l’université de Mannheim en Allemagne, se sont demandé ce que ressentaient les individus qui font part à autrui de leur vulnérabilité, mais aussi comment réagissent ceux qui reçoivent de telles confidences. Ils ont alors mené pas moins de sept expériences avec des centaines de participants pour tester ces réactions. Leurs conclusions viennent d’être publiées dans la revue Journal of Personality and Social Psychology2.

Comme on pouvait s’y attendre,

avouer ses faiblesses rend mal à l’aise. Les personnes qui se trouvent en situation de vulnérabilité se focalisent sur les aspects négatifs de leur situation et estiment négatif le fait de se montrer dans cet état. En revanche, les mêmes individus portent un regard différent s’ils se mettent à la place de la personne qui reçoit les confidences. Ils se focalisent alors sur les aspects positifs de cette confession et estiment celle-ci plutôt positivement. Autrement dit, ceux qui voient une personne se mettre à nu en quelque sorte évaluent positivement ce courage. Anna Bruk et ses coauteurs nomment ce phénomène le beau désordre ou le beau pétrin (beautiful mess effect). Autrement dit, il y a un décalage entre la façon dont la personne vulnérable vit sa situation et la façon dont cette personne sera perçue par son entourage.

Par conséquent,

nous devrions moins hésiter avant de reconnaître une erreur ou de demander de l’aide. D’autant que cette ouverture à autrui peut déboucher sur des répercussions positives : renforcement des relations interpersonnelles, développement de nouvelles compétences, etc.

Bref, n’ayons pas peur

d’exprimer nos faiblesses. Pour montrer l’exemple, je me lance : j’ai tendance à être un peu trop perfectionniste ! Faute avouée à moitié pardonnée ;-)

(1) Brown, B. (2014) Le Pouvoir de la vulnérabilité : la vulnérabilité est une force qui peut transformer votre vie, Éditions Guy Trédaniel.

(2) Bruk, A., Scholl, S. G., & Bless, H. (2018). Beautiful mess effect : Self – other differences in evaluation of showing vulnerability. Journal of Personality and Social Psychology, 115 (2), 192-205.

Auteur

  • Denis Monneuse