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Le fait de la semaine

Inclusion Liberté, égalité, diversité

Le fait de la semaine | publié le : 03.12.2018 | Lys Zohin

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Inclusion Liberté, égalité, diversité

Crédit photo Lys Zohin

Les initiatives comme la semaine de l’inclusion, du 26 novembre au 2 décembre, et le Top 10 de la diversité – qu’elles viennent des entreprises, des cabinets de recrutement spécialisés, des élus ou des associations – se multiplient. Le but ? Accroître la diversité dans l’emploi. Il y a urgence, pour l’économie comme pour la cohésion sociale.

Les entreprises qui s’engagent dans la diversité ne seront pas reparties bredouilles de leur passage à Bercy, le 27 novembre dernier. Non seulement 10 d’entre elles ont reçu un prix de la part de Mozaïk RH, le cabinet de recrutement spécialisé dans la diversité qui organisait l’événement, mais en plus, le ministre de l’Économie, Bruno Le Maire, a pris un engagement pour poursuivre la dynamique : « Dans toutes les sociétés qui comptent une participation de l’État, des objectifs clairs, chiffrés et réalisables seront mis en place prochainement pour accroître la diversité.

Parce que l’État doit montrer l’exemple et que le monde de demain exige cette diversité », a-t-il déclaré. Une diversité porteuse de créativité, d’innovations, de compétitivité, bref, d’assurance de succès économique pour les entreprises comme pour le pays. Les chiffres sont connus. Selon l’étude de référence, celle de France Stratégie de 2016, les discriminations, qu’elles soient dues à l’âge, au genre, au lieu d’habitation ou au handicap, feraient perdre quelque 150 milliards d’euros à l’économie française.

À l’inverse, la réduction des écarts entre population de référence et populations qui restent à l’écart du monde du travail ou des postes élevés dans les organisations permettrait d’augmenter la richesse du pays de près de 7 % (si l’on calcule sur la base du PIB français de 2015). Enfin, alors que dans certains secteurs, la pénurie de talents est criante, le taux de chômage peine encore à reculer. Il est temps de mettre fin à ce paradoxe, en embarquant davantage de laissés-pour-compte dans l’économie. Si la situation tend à s’améliorer – et Saïd Hammouche, le fondateur de Mozaïk RH, était là pour le souligner –, il reste encore bien des initiatives à prendre pour que toutes les pièces du puzzle s’assemblent et que l’inclusion se conjugue au présent.

À commencer par une révolution dans l’éducation nationale, qui forme mal les jeunes aux nouveaux métiers, quand elle ne les laisse pas sortir de l’école sans diplôme. À cet égard, l’ancien DRH Didier Baichère, aujourd’hui député LREM des Yvelines et initiateur, avec d’autres élus de la majorité, de la semaine de l’inclusion, du 26 novembre au 2 décembre, et d’un « plan 1 000 jeunes », lancé cet été à Grigny, a souligné que 25 % seulement des jeunes de cette commune de l’Essonne avaient le bac…

Quant aux stages de troisième, censés familiariser les ados avec le monde de l’entreprise, « ils sont trop souvent faits dans le kebab au bas de l’immeuble, faute de réseau », a-t-il déploré. Lorsqu’on sait, comme l’a rappelé Julien Denormandie, ministre auprès de la ministre de la Cohésion des territoires et des Relations avec les collectivités territoriales, chargé de la Ville et du Logement, qu’un jeune sur six habite dans les quartiers prioritaires de la politique de la ville, on comprend l’impérieux besoin de consentir de nouveaux efforts pour inclure ces jeunes talents ignorés dans l’économie.

Miser sur les capacités

À cet égard, les entreprises ont une carte à jouer. D’abord en se rapprochant de cabinets de recrutement spécialisés ou d’associations pour aller, sur fond de pénurie de main-d’œuvre, chercher ces jeunes.

Mais aussi en faisant évoluer leurs pratiques, pour faire la part belle aux atouts personnels. Ainsi, Michelin, récompensé parmi le Top 10 de la diversité à Bercy, a opté, depuis 2010, pour la simulation.

Au lieu de se concentrer sur les compétences et la formation, le spécialiste du pneu met des jeunes – sans expérience professionnelle et sans CV – en situation, comme s’ils étaient déjà dans ses usines, pour mesurer leurs capacités. Une méthode encore simplifiée cette année et que Michelin a l’intention d’appliquer en 2019 pour 900 recrutements sur ses sites dans toute la France.

Quant au Crédit agricole de l’île de la Réunion, également lauréat du Top 10 de la diversité, il est allé chercher des jeunes sportifs, grâce à des associations de terrain qui les ont identifiés.

D’abord parce que le sport est très développé sur place, mais aussi parce que les valeurs qu’il véhicule sont celles que recherche la banque. Résultat, plusieurs anciens footballeurs amateurs, par exemple, ont été recrutés. L’un d’eux est venu témoigner, déclarant qu’il avait même fini par passer son bac grâce à la banque ! Pour Tiséa, une PME spécialisée dans les services d’ingénierie et de conseil opérationnel dans l’énergie, l’industrie, le BTP, et également lauréate du Top 10, la diversité mise en place s’est révélée une aubaine pour la conquête de nouveaux marchés à l’export, notamment en Afrique du Nord et de l’Ouest, grâce à des recrutements épaulés en particulier par des missions locales. Quant au turn-over, élevé auparavant, il a été réduit à zéro ! C’est d’ailleurs précisément parce que l’entreprise avait du mal à retenir ses salariés, dont ses ingénieurs, dans un secteur en tension, qu’Abdeslam Koulouh, son fondateur, a cherché à faire évoluer ses méthodes de recrutement, en se rapprochant aussi des collèges et des lycées pour accompagner ses futurs salariés depuis l’apprentissage jusqu’au bac pro ou au master.

Au point que Tiséa cherche maintenant à reproduire son modèle dans les pays où elle opère, de l’Afrique à l’Amérique du Nord, tant l’entreprise est satisfaite de cette nouvelle culture et de cette cohésion accrue.

Autant d’exemples qui montrent, en tout cas, que « diversité et exigence ne s’opposent pas », comme l’a déclaré Benoît Serre, vice-président de l’ANDRH.

Responsabilités communes

D’autres entreprises récompensées, comme la RATP ou France Télévision, ont noué des partenariats, la première avec Job Odyssée 2.0, qui a lancé un « ladies boxing tour », pour recruter des femmes, dans l’univers très masculin des conducteurs de rames, par exemple, la deuxième avec des écoles de journalisme, qui devaient avoir d’abord adopté des programmes de recrutement de jeunes issus de la diversité pour ensuite les intégrer dans la rédaction, le tout « afin de mieux refléter sur les antennes la pluralité de la société », tandis que d’autres, enfin, sont tout simplement passées par Mozaïk RH.

Toutes sont convaincues du bien-fondé de leur démarche. Pour leur performance économique et celle du pays. « Les quartiers sont les derniers accélérateurs de l’économie », a d’ailleurs souligné Julien Denormandie. Toutes sont également conscientes de cette « responsabilité collégiale » des acteurs de l’économie envers la République. Et toutes ont été incitées, encore et encore, lors de l’événement à Bercy, à déposer leurs offres d’emploi et à dénicher des talents sur la plateforme lancée par Mozaïk RH, Diversifiez vos talents.

Auteur

  • Lys Zohin