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Sur le terrain

QVT : À Montréal, le bonheur au travail est collectif

Sur le terrain | publié le : 03.12.2018 | Ludovic Hirtzmann

Un petit groupe d’entreprises montréalaises a uni ses compétences pour créer un collectif de bonheur au travail. Avec pour objectif de toucher tous les âges et profils professionnels.

Créer un collectif de bonheur au travail. Pourquoi ? Parce que « c’est essentiel d’être heureux au travail ». Tel est le slogan de quatre PME québécoises, Academos, Workali, Elo et Bonboss, dont le cœur de métier va du cybermentorat à la recherche d’emploi.

Tout a commencé par l’idée d’une jeune immigrée française, Marine Hortemel. Après avoir travaillé pendant huit ans dans des grandes entreprises parisiennes, elle a choisi de quitter, il y a deux ans, la France pour le Québec.

Objectif ? Une meilleure qualité de vie. Aujourd’hui directrice de produit et des opérations marketing chez Academos, Marine Hortemel explique son choix « principalement par l’approche plus humaine et plus empathique des Québécois et le respect de la vie professionnelle versus la vie personnelle ». Si les sondages sur la notion de bonheur au travail dans la Belle province varient beaucoup d’un institut à l’autre, être heureux au travail n’est pas qu’une évidence.

Mais un employé satisfait sera plus productif. Et les dirigeants d’entreprises, dans un contexte de pénurie de main-d’œuvre (le taux de chômage est de 5,3 % en octobre au Québec), ne se démarqueront auprès des travailleurs que si leur société est agréable. « D’autant plus dans un contexte où les Millennials et la génération Z arrivent sur le marché de l’emploi et qu’ils ne valorisent plus du tout les mêmes environnements et valeurs de travail que les générations précédentes », confie Marine Hortemel.

Un concept complémentaire

L’idée a donc été d’unir les forces des quatre PME en octobre dernier. Le collectif du bonheur est né. Grâce à une application de mentorat, Academos, qui existe depuis vingt ans et est le pilier de cette association, cible les jeunes de 14 à 30 ans, afin qu’ils choisissent la bonne orientation en fonction du métier de leurs rêves.

Workali utilise un plug-in d’intelligence artificielle pour filtrer et adapter les bonnes offres d’emploi à un public de jeunes professionnels et Elo propose une application de mentorat tout au long de sa carrière. Quant à Bonboss, son objectif est d’accompagner et de former les nouveaux managers pour qu’ils deviennent de bons patrons. Si l’idée d’un groupement aux fonctions complémentaires est une nouveauté, le concept de bonheur au travail n’est pas récent au Québec. Un consultant, Pierre Côté, avait créé en 2006 un Indice relatif du bonheur (IRB). L’IRB s’était intéressé dès 2011 au bonheur au travail en prenant en compte les relations professionnelles, la possibilité pour un salarié de se dépasser, le degré d’ouverture d’un employeur, la capacité de ce dernier à améliorer les conditions de travail de ses collaborateurs et, enfin, la rémunération. En haut du palmarès, le secteur touristique. En bas de tableau, le bâtiment.

Une gestion du personnel moins rigide

Le contexte de travail québécois n’en demeure pas moins très différent de la France. Les congés payés légaux sont de deux semaines. Une troisième semaine est accordée après quelques années de présence dans une société. Les avantages sociaux y sont très minces, mais les Québécois s’en satisfont.

À l’instar des relations humaines et du peu de hiérarchie qui existe au quotidien, la gestion du personnel est beaucoup plus décontractée au Québec qu’en France. Les embauches s’effectuent directement par le futur supérieur hiérarchique et moins souvent via un service de RH. Il en résulte une gestion du personnel moins administrative et moins rigide. Les Québécois se plaignent bien de stress ou d’épuisement professionnel, mais les heures de travail d’un cadre sont généralement de 9 heures à 17 heures.

L’idée d’un collectif du bonheur est séduisante, mais ce dernier devra prouver que miser l’essentiel de son activité sur le virtuel est la solution. Cela même si la majorité de son cœur de cible vit au rythme des réseaux sociaux et qu’Academos dispose d’une longue expérience terrain. Outre la création d’une journée officielle du bonheur au travail, le groupement souhaite penser une charte, mais aussi « concevoir un pacte du bonheur au travail, avec un ensemble d’actions à mettre en place dans une entreprise pour améliorer la satisfaction des employés », confie Marine Hortemel qui conclut : « Les entreprises signataires du pacte devront s’engager à mettre concrètement en place les actions ».

Auteur

  • Ludovic Hirtzmann