Un aide-soignant qui a été victime d’un accident de la route en allant travailler, une infirmière enceinte à qui son médecin traitant conseille, en constatant ses vertiges, de ne pas faire une heure et demie de conduite pour se rendre sur son lieu de travail… Dans ces deux cas, et dans bien d’autres, Newcross Healthcare Solutions, une agence qui fournit du personnel temporaire aux hôpitaux et aux maisons de retraite outre-Manche et emploie quelque 7 000 personnes, n’a pas hésité à retirer 50 livres sterling (environ 55 euros) à ses salariés. La raison de cette sanction financière ? Ils ont prévenu de leur absence moins de 24 heures avant le début de leur journée de travail. Et l’agence privilégie avant tout « le service aux patients ».

C’est une enquête du quotidien The Guardian qui a mis en lumière ces abus. Depuis sa parution, nombreux sont les témoignages apparus sur des sites web. Compassion in Care, une ONG qui milite pour l’amélioration des services aux patients, a été saisie par des membres du personnel de Newcross Healthcare Solutions. Les syndicats se sont eux aussi emparés de l’affaire. « C’est scandaleux, de la part d’une société qui fait d’énormes bénéfices, de retirer de l’argent à du personnel mal payé et qui, par la nature même de ses fonctions, est susceptible d’attraper des maladies, puis de les transmettre aux patients les plus fragiles en venant travailler afin de ne pas être pénalisé financièrement », a tempêté la fondatrice de Compassion in Care, Eileen Chubb, dans les colonnes du Guardian. Selon l’enquête du quotidien, Newcross Healthcare Solutions, qui est contrôlée par un fonds basé à Gibraltar – un paradis fiscal –, a affiché un bénéfice avant impôts de 21 millions de livres sterling en 2017 et versé aux dirigeants l’équivalent de 17 millions de dividendes en actions. Face à la fronde, Newcross Healthcare Solutions a déclaré au Guardian qu’elle supprimerait cette « amende » de 50 livres à partir d’avril 2019.