Le Nouvel An chinois est passé et les arriérés de salaires sont restés. Pourtant, cette période est celle au cours de laquelle les comptes sont mis à jour et les salaires encore dus sont versés pour permettre aux dizaines de milliers de travailleurs immigrés dans les villes de rejoindre leur famille dans les campagnes. L’an dernier à la même époque, la Fédération des syndicats (liée au Parti communiste) déclarait que sur les cinq années précédentes, elle avait dû aider pas moins de cinq millions de travailleurs migrants, à qui les employeurs devaient un total équivalent à plus de 3,5 milliards d’euros. L’an dernier, un fabricant de briques avait « payé » les arriérés de salaires à ses 30 ouvriers en… briques, ce qui avait suscité l’intérêt des médias et mis en lumière un phénomène très répandu dans le pays. Le relatif ralentissement économique que connaît le pays depuis plusieurs mois semble en outre inciter de plus en plus d’employeurs à pratiquer cette indélicatesse. Au point qu’à l’aube du Nouvel An de cette année, le président chinois Xi Jinping ait officiellement exhorté les entreprises à payer à l’heure et se soit engagé à éliminer les arriérés de salaires l’an prochain… Résultat, en tout cas, les conflits sociaux ne cessent d’augmenter. Selon le China Labour Bulletin, une association de Hong Kong qui observe la situation, 1 700 ont eu lieu l’an dernier dans tout le pays, contre 1 200 l’année précédente. Et encore, ces chiffres ne reflètent qu’une partie de la réalité, nombre de conflits n’étant pas relayés dans la presse, de plus en plus sujette à la censure des autorités.