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Denis Monneuse : Du côté de la recherche

Chroniques | publié le : 04.03.2019 | Denis Monneuse

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Denis Monneuse : Du côté de la recherche

Crédit photo Denis Monneuse

Comment réduire l’écart de rémunération entre les femmes et les hommes ?

La France fait partie des rares pays dans le monde qui ont décidé de légiférer pour obliger les grandes et moyennes entreprises à avoir un conseil d’administration avec une représentation équilibrée de femmes et d’hommes. En effet, la loi dite Copé-Zimmermann votée en 2011 stipule, entre autres, que la proportion des administrateurs de chaque sexe ne peut être inférieure à 40 %.

Cette loi semble avoir été suivie d’effets significatifs puisqu’entre 2013 et 2018, le nombre de femmes présentes dans les conseils d’administration des entreprises du SBF 120 a crû de 17 points, passant de 26 % à 43 %1. Mais l’augmentation du nombre d’administratrices a-t-elle un réel impact sur les comportements des entreprises ? S’agit-il seulement de promouvoir davantage de femmes aux plus hauts postes de décision ou bien aussi de faire évoluer au passage les cultures d’entreprises ? Ces questions sont importantes car elles sont au cœur des débats sur l’égalité professionnelle, notamment ceux autour de la nécessité ou pas d’introduire des mesures telles que les quotas.

Alison Cook, Alicia Ingersoll et Christy Glass, toutes trois chercheuses à l’université de l’Utah aux États-Unis, se sont posé la question. Plus précisément, elles se sont demandé si le nombre de femmes au sein des conseils d’administration avait une influence sur les écarts de rémunération entre les femmes et les hommes au niveau des équipes dirigeantes. Elles viennent de publier leurs résultats dans la revue Human Relations2 à partir de l’analyse entre 2009 et 2013 des 500 plus grandes entreprises cotées en Bourse aux États-Unis.

Leur conclusion pourrait se résumer en une phrase : la présence de femmes au sein des conseils d’administration permet de réduire l’écart de rémunération entre les femmes et les hommes… à condition que celles-ci aient réellement du pouvoir. Autrement dit, le simple fait d’augmenter le nombre d’administratrices dans les conseils d’administration ne suffit pas pour réduire significativement les écarts de salaire entre les sexes au niveau des équipes dirigeantes. La présence d’administratrices au sein des comités de rémunération est également sans effet vraiment significatif.

Ce n’est que lorsque des femmes ont de l’influence et du pouvoir dans les conseils d’administration que leur présence se matérialise par de moindres écarts salariaux entre les sexes. C’est le cas par exemple quand le comité de rémunérations est dirigé par une femme et non pas par un homme.

Bref, l’égalité professionnelle entre les femmes et les hommes ne peut pas se mesurer uniquement à partir de quelques chiffres, notamment des moyennes qui masqueraient la réalité du véritable accès au pouvoir. La qualité des postes occupés par les femmes est à prendre encore plus en compte que le nombre de postes qu’elles occupent.

2) Cook, A., Ingersoll, A. R., & Glass, C. (2018). Gender gaps at the top : Does board composition affect executive compensation ? Human Relations

Auteur

  • Denis Monneuse