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Initiative : À la Poste, 25 jours peuvent être accordés

Le point sur | publié le : 11.03.2019 | L. T.

La Poste a créé une plateforme d’accompagnement des aidants depuis 2015. Depuis septembre 2018, le dispositif a été complété. Le don de jours entre collègues est notamment organisé. Il a déjà permis à quatre salariés de soutenir leur proche malade.

« Si cinq millions d’aidants travaillent en France, potentiellement il y en a 50 000 à La Poste puisqu’une personne active sur cent est un postier », souligne Laurence Hulin, la directrice diversité et égalité des chances de l’entreprise. Sur la base de ce constat, La Poste a créé, en 2015, le « guichet des aidants » pour les accompagner. « C’est une plateforme téléphonique qui permet d’orienter les aidants vers des maisons de retraite ou des villages vacances accessibles aux handicapés, ou de les informer sur les aides financées par La Poste, comme des heures de ménage », présente la directrice. Depuis trois ans, 4 000 appels ont été passés. « Cela leur permet de poser leurs questions à un tiers neutre, mais qui leur apporte des réponses sur mesure, adaptées à leur situation et aux avantages de l’entreprise », complète-t-elle. Deux besoins ressortent : du temps et de l’argent. Pour y répondre, La Poste a imaginé, en 2017, la mise en place d’un « certificat des aidants » (pour les GIR5). Les personnes reconnues comme telles par l’entreprise bénéficient de CESU (chèques emploi-service universel) supplémentaires, d’une aide à domicile et/ou d’une aide au répit avec un financement de la Poste, et d’une demi-part sociale en plus. « Aujourd’hui, plus de 1 000 aidants ont ce certificat », comptabilise Laurence Hulin.

L’élargissement de la loi Mathys aux proches aidants a poussé l’entreprise à se saisir de la question du don de jours de repos. La Poste décide de passer un accord avec les partenaires sociaux pour aller plus loin que la loi. Signé le 18 septembre 2018 par tous les syndicats (CFDT, Sud, FO, CFTC, CGC et Unsa), sauf par la CGT, il comporte deux parties différenciées pour les aidants avec certificat interne et ceux au titre de la loi. Tous peuvent bénéficier de jours de repos offerts par leurs collègues. « On a créé un fonds de solidarité géré par les RH, avec 1 000 jours abondés par La Poste en plus de ceux offerts par les collaborateurs », détaille Laurence Hulin.

Gestion informatisée

Le but : avoir suffisamment de jours pour ne pas avoir à juger s’il est « plus dur » de perdre son enfant ou son parent et avoir à choisir qui des deux mérite le don. La gestion des dons est informatisée.

Une plateforme est en cours de développement, sur laquelle les salariés saisiront les jours donnés (comme ils le font déjà pour leurs congés) sans qu’aucune validation de la part des managers ne soit nécessaire. « Ces jours sont ensuite attribués aux aidants par une commission composée des six DRH de branches et de l’assistante sociale du groupe », complète la directrice diversité.

Les dons sont anonymes et sans contrepartie. Les receveurs sont, eux aussi, anonymes. 25 jours de congés peuvent être accordés, renouvelables une fois. Mais alors que la loi a prévu ce dispositif pour l’aidant qui a épuisé ses congés, La Poste souhaite lui permettre de conserver trois semaines de congés « pour lui ». Les 200 assistants sociaux du groupe ont été informés pour encourager les aidants à s’en saisir.

« Depuis septembre, nous avons eu quatre demandes : deux parents d’enfants atteints de cancers foudroyants, et deux salariés avec des parents en fin de vie, expose la directrice. Dans un des cas, le collaborateur allait poser un congé de présence parentale de trois mois, sans rémunération : grâce à l’accord, il pourra garder son revenu. C’est un vrai soulagement. »

Pour les cas moins sensibles, d’autres dispositifs sont prévus par l’accord. Les aidants peuvent notamment bénéficier de un à cinq jours de télétravail par semaine pour les cas de lourde dépendance, et de 25 jours de télétravail flottants dans l’année.

« Nous avons aussi créé des demi-journées de RTT : cela permet de ne pas poser des journées complètes, et donc de gagner du pouvoir d’achat », se félicite Laurence Hulin.

Enfin, trois jours d’autorisation spéciale d’absence sont autorisés sans que le manager ne puisse refuser, et des aménagements de temps de travail sont possibles. « Souvent, les aidants nous disent qu’ils veulent continuer de travailler parce que s’occuper d’un parent mourant, c’est très lourd en termes de charge mentale : travailler permet de penser à autre chose. On se devait d’être là pour les accompagner et leur faciliter cette période », conclut Laurence Hulin.

Auteur

  • L. T.