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Le fait de la semaine

Mutations : Les Français s’attendent à travailler, Différemment

Le fait de la semaine | publié le : 18.03.2019 | Lys Zohin

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Mutations : Les Français s’attendent à travailler, Différemment

Crédit photo Lys Zohin

Réalisée pour le Printemps de l’économie, l’étude d’Opinionway sur « Les Français et les mutations du travail » laisse apparaître une prise de conscience sur l’impact de la technologie, qui permettra par exemple de réduire la pénibilité. Cela dit, les Français estiment que la sécurité de l’emploi sera moindre mais que le travail prendra toujours une part importante dans leur vie.

Si certains faisaient jusqu’à présent le gros dos, pensant que les avancées technologiques n’affecteraient pas forcément leurs tâches, l’étude d’Opinionway sur « Les Français et les mutations du travail », réalisée pour le Printemps de l’économie, laisse apparaître au contraire une prise de conscience et une lucidité que Pierre-Pascal Boulanger, l’initiateur de l’évènement, salue. « Alors que dans d’autres sondages que nous avons effectués, notamment sur la mondialisation, nous notions un fort décalage entre le ressenti des Français et les “faits” objectifs dans le travail, qui offre un véritable ancrage microéconomique, nos résultats sont en phase avec les études de France Stratégie et de l’OCDE, dit-il. Ce qui ne veut pas dire pour autant que l’acceptation de ces changements se fait de gaîté de cœur… » Quoi qu’il en soit, la prise de conscience sur les mutations à venir est plus forte chez les travailleurs les plus âgés, qui ont vu l’avènement de ces nouvelles technologies. Les plus jeunes, qui sont nés avec, sont, en revanche, plus inquiets de la mondialisation et ses effets.

Selon une majorité de répondants (un échantillon de plus de 1 000 personnes, représentatives de la population), la transformation de quasiment tous les métiers est inéluctable. De fait, si 91 % d’entre eux estiment que leur métier existera toujours dans les années à venir, 63 % pensent qu’il aura évolué. Évolution ne signifie donc pas destruction. Au contraire, avec le développement de la robotique, 81 % des actifs considèrent que la pénibilité physique de leurs tâches sera réduite. Une bonne nouvelle, donc. D’autres résultats de l’enquête le sont moins…

Qualifications

Ainsi, alors qu’aujourd’hui, les inégalités dans le travail dues au genre sont les plus citées (48 %), elles pourraient être remplacées, dans une société de plus en plus tournée vers la connaissance, par le niveau de qualifications, qui deviendrait le premier élément de différences (44 %). Pis, si les questions de genre dans les évolutions de carrière comme de salaires ne tiendront plus la première place, cela ne veut pas dire qu’hommes et femmes auront atteint l’égalité au travail. Au contraire, 47 % de Français estiment qu’une telle égalité n’adviendra jamais, tandis que 50 % espèrent qu’elle sera atteinte dans… 20 ans ! « Le fait que les discriminations dues au genre vont devenir secondaires peut peut-être s’expliquer par une forme de régression culturelle à laquelle, malgré certaines avancées, nous assistons aujourd’hui, relève Pierre-Pascal Boulanger. On voit bien le fossé encore existant entre le discours de tolérance et les faits. »

Par ailleurs, la sécurité de l’emploi paraît de plus en plus caduque. Quelque 63 % des personnes interrogées considèrent ainsi que la sécurité de l’emploi sera plus difficilement accessible dans les années à venir. Résultat, le sacro-saint CDI ne semble plus être le Graal. Les critères de choix se porteront davantage à l’avenir sur le salaire (pour 45 %, contre 24 % sur la sécurité de l’emploi), tandis que 44 % privilégient les conditions de travail pour leur emploi dans 20 ans. « Il s’agit là d’une demande de compromis, voire de nouveau contrat social, relève Pierre-Pascal Boulanger. Les gens veulent bien accepter que l’emploi soit moins stable, mais à condition, en échange, que les salaires et les conditions de travail soient corrects ».

Travailler plus… ou moins ?

Reste à savoir si les Français anticipent de travailler plus, ou moins, à l’horizon 2040. Pour 46 % des personnes sondées, la durée légale du temps de travail (35 heures) devrait se maintenir, tandis que 32 % estiment qu’elle va augmenter, et 20 % seulement, baisser. Dans ces conditions, quelle sera la place même du travail dans la vie des Français ? À la question : « Au début du 20e siècle, on consacrait en moyenne 40 % de sa vie au travail, contre 12 % de sa vie aujourd’hui – une évolution notamment due à l’allongement de la durée des études et de l’espérance de vie. D’après vous, d’ici 20 ans, ce pourcentage de temps de vie consacré au travail va-t-il augmenter, baisser ou se maintenir ? », 42 % des Français voient cette proportion se maintenir, tandis que 32 % pensent qu’elle va augmenter et 23 % d’optimistes espèrent qu’elle va baisser. « Quand on regarde sur le long terme, on ne voit pas pourquoi, notamment en raison de l’automatisation des tâches, la diminution du temps de travail ne se poursuivrait pas, estime pour sa part Pierre-Pascal Boulanger. Cela dit, alors que la France doit muscler sa compétitivité, les seuls gains de productivité ne suffiront pas à réduire le temps de travail à court terme. » Enfin, poursuit-il, « si certains sont prêts à travailler plus, c’est sans doute parce qu’en France, pays où le travail est rare du fait d’un taux de chômage historiquement élevé et où la question de la qualification et cruciale, comme nous l’avons vu dans le sondage, le travail est un élément clé d’intégration sociale – et un moyen d’espérer… À cet égard, les résultats de l’enquête montrent que nous sommes victimes de notre culture ».

Auteur

  • Lys Zohin