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Sur le terrain

Sécurité au travail : Chimex se sert du digital pour une formation plus efficace

Sur le terrain | publié le : 18.03.2019 | Gilmar Sequeira Martins

Longtemps rétive au digital, la chimie a franchi le pas. Le site de Chimex à Mourenx, dans les Pyrénées-Atlantiques, a mis au point des formations en réalité virtuelle qui plongent les opérateurs dans des situations aussi rares que… critiques.

Fini le manuel, place au virtuel. Spécialisé dans la production d’ingrédients et de formules cosmétiques, le site Chimex (groupe L’Oréal), de Mourenx, dans les Pyrénées-Atlantiques, a franchi le pas. Une décision qui n’allait pas de soi dans un secteur – la chimie – a priori très éloigné du digital, en particulier sur les questions de sécurité. La formation d’un opérateur amené à travailler dans ces installations chimiques suit en effet un parcours très classique. Elle se déroule habituellement par la technique du compagnonnage, sur des durées allant de six à douze mois. Cette première étape est complétée par l’assimilation d’une série de documents précisant les actions à mettre en œuvre en cas de défaillance. « Ils ont une probabilité très faible de survenir dans la réalité, précise Laurence Langrand, ancienne directrice des installations et aujourd’hui en charge de la digitalisation. Les procédures sont enregistrées dans les manuels. Du fait de leur précision, elles peuvent s’étendre sur des dizaines de pages. Assimiler par écrit ces données est complexe. » Un schéma d’apprentissage qui n’est en outre pas vraiment adapté aux situations d’urgence. « Les études montrent qu’en situation de stress, le cerveau fait appel à des processus qui sont liés aux réflexes, à l’expérience déjà vécue, et pas à ceux liés à la lecture, d’où l’intérêt de proposer une simulation des situations, explique Laurence Langrand. Il vaut mieux vivre l’expérience elle-même. Elle est préférable à mille avis d’experts. »

Laurence Langrand a donc réuni des opérateurs et des chefs opérateurs pour mettre au point trois scénarios typiques qui peuvent conduire à des situations critiques. Dans le premier, l’opérateur doit réagir en cas de rupture de la pale ou l’hélice qui mélange les produits dans le réacteur. Dans le deuxième scénario, il doit gérer une montée en pression et, dans le troisième, une montée de température dans le réacteur supérieure à 200 °C.

Quinze minutes pour gérer une situation critique

Une fois finalisés, ces trois canevas ont ensuite été confiés à XXII, une start-up qui conçoit des programmes d’immersion à partir d’images photogrammétriques. Cette technologie permet une mise en œuvre plus rapide que les systèmes laser. « La captation photogrammétrique des lieux de production n’a demandé que quelques heures alors qu’il aurait fallu une journée avec un système laser, ce qui aurait exigé de suspendre la production », précise Laurence Langrand. Avec les 600 photos réalisées sur le site, XXII a ensuite reproduit en 3D l’environnement dans lequel travaillent les opérateurs. La captation a eu lieu mi-décembre et la livraison des trois modules début janvier. « J’ai été surprise par la rapidité avec laquelle ils ont pu mettre au point les solutions », admet Laurence Langrand. Chaque module de formation virtuelle dure une quinzaine de minutes. Pour s’y plonger, les utilisateurs sont équipés d’un casque HTC Vive et de manettes qui leur permettent de réagir à la situation qui a été scénarisée.

Durant toute une journée, les 220 collaborateurs de l’entreprise ont pu découvrir les trois modules et les ont expérimentés. Un premier contact très utile et fructueux, estime Laurence Langrand : « Cela a permis de dissiper les a priori initiaux. Certains s’interrogeaient sur l’utilité du digital, cela leur semblait très loin de leur quotidien. Ces modules démontrent que le digital peut rapprocher du terrain. » Après cette phase de découverte, les formations devraient commencer au deuxième trimestre. « En situation de formation, le module sera utilisé en présence d’un opérateur formateur et d’un chef d’équipe », précise Laurence Langrand. À terme, une quarantaine d’opérateurs devraient être formés avec ce système virtuel. Compte tenu de la qualité des modules déjà livrés, de nouveaux modules devraient être disponibles avant la fin du semestre. Pour Laurence Langrand, c’est un premier pas vers une transformation de plus grande ampleur de l’ensemble du secteur : « La chimie n’est pas encore un secteur très digitalisé. C’est un premier pas pour développer un écosystème capable d’adopter les nouvelles technologies. »

Auteur

  • Gilmar Sequeira Martins