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Le fait de la semaine

QVT : La technologie au service de la prévention

Le fait de la semaine | publié le : 20.05.2019 | Nathalie Tran

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QVT : La technologie au service de la prévention

Crédit photo Nathalie Tran

La santé au travail est à l’honneur cette semaine au salon Préventica. Comme chaque année, cette manifestation est l’occasion de découvrir les nouveautés et innovations en matière de prévention des risques professionnels. Entreprise & Carrières a retenu trois technologies qui progressivement s’invitent dans les usines et entrepôts pour soulager la pénibilité de certaines tâches et éviter les troubles musculosquelettiques (TMS), première cause de maladie professionnelle en France.

Depuis juin dernier, 18 salariés du site FM Logistic de Fauverney (21) – des préparateurs de commandes et des chargeurs et déchargeurs de camions, dont l’activité consiste à manipuler des colis à longueur de journée – se sont portés volontaires pour tester un tee-shirt un peu particulier. Muni de tenseurs, le vêtement, développé par la start-up Percko, exerce une pression à l’avant des épaules et en bas du dos en cas de mauvaise posture. Ce petit rappel à l’ordre permet aux opérateurs de la réajuster immédiatement et d’éviter ainsi les gestes à risque pour leur dos. « Les premiers retours ont été très positifs car le port du tee-shirt permet de réduire la fatigue musculaire et les douleurs lombaires des salariés dues à leur activité professionnelle », constate Virginie Raspado, responsable QHSE (qualité, hygiène, sécurité et environnement).

Un bémol toutefois : comme il se porte à même la peau, le tee-shirt ne peut pas être utilisé tous les jours pour des raisons d’hygiène, et son prix relativement élevé (130 €) ne permet pas à la plateforme logistique d’équiper quotidiennement l’ensemble de son personnel. Par ailleurs, sa forme très cintrée ne convient pas à tout le monde. « La société Percko a pris en compte nos remarques et nous a alors proposé un gilet qui peut se porter sur un tee-shirt ou une polaire et s’adapte à toutes les morphologies. Il est aussi beaucoup plus pratique que le tee-shirt car l’utilisateur peut l’enlever facilement au cours de la journée s’il a, par exemple, des tâches administratives à réaliser », explique Virginie Raspado. Face au succès remporté par le gilet, le panel d’utilisateurs a été élargi aux caristes du site. Son port leur permettant de réduire les effets des vibrations auxquels ils sont exposés dans leur engin.

Aide à la manutention

Les vêtements Percko ne sont pas les seuls à l’essai sur la plateforme de Fauverney. Depuis deux ans, deux préparateurs de commandes utilisent par ailleurs un harnais de force distribué par Corfor, pour soulager leurs lombaires pendant l’effort. L’objectif de l’entreprise, dont l’ambition est de devenir le leader en matière de santé au travail dans son secteur : dénicher le système d’aide à la manutention le mieux adapté aux besoins de ses collaborateurs afin de lutter contre les troubles musculosquelettiques (TMS) et, plus spécifiquement, contre les problèmes de mal de dos. Interrogés dans le cadre d’une étude interne, réalisée il y a deux ans, 90 % des préparateurs de commandes déclaraient ressentir des douleurs lombaires. « C’est un travail qui relève du groupe. En accord avec le siège, nous testons différentes innovations qui sortent sur le marché afin ensuite de les déployer dans l’ensemble des plateformes logistiques si leur efficacité est démontrée. C’est le cas par exemple du gilet Percko dont le port a permis une baisse de l’accidentologie sur les collaborateurs qui ont pu le tester », souligne Virginie Raspado.

Pour aller plus loin, le groupe spécialisé dans l’entreposage, le transport et le conditionnement, travaille également avec l’université de technologie de Compiègne (UTC) à la création d’un exosquelette spécifiquement adapté à ses activités. Ce système qui doit permettre d’alléger le travail physique des salariés amenés à déplacer des charges sur ses plateformes logistiques, et dont le brevet devrait être déposé prochainement, a été conçu à partir de l’étude des mouvements des préparateurs de commandes afin de correspondre précisément à leurs besoins.

Des exosquelettes pour prévenir et soulager

FM Logistic n’est pas la seule entreprise à miser sur la technologie pour améliorer les conditions de travail de ses collaborateurs et à s’intéresser aux exosquelettes. Des groupes tels que La Poste, PSA, SNCF, Alstom, Engie ou Airbus, testent eux aussi, depuis quelques années, différents modèles d’appareils dans leurs entrepôts ou dans leurs usines, sur certaines chaînes de fabrication, dans l’optique, à terme, d’un déploiement massif. Fixées sur le torse, les bras ou les jambes, ces armatures assistent les salariés dans leurs tâches, diminuant jusqu’à 50 % la perception de l’effort. Elles peuvent aussi les aider à maintenir des postures contraignantes : à garder les bras en l’air, par exemple, en ayant l’impression d’avoir le coude posé, ou à rester longtemps penché en avant. Certains exosquelettes vont même jusqu’à décupler les capacités physiques. La force des bras, notamment, lorsque l’on soulève une charge.

Non seulement les exosquelettes permettent de prévenir les TMS, mais ils peuvent aussi les soulager. C’est le cas d’Atlas, une technologie commercialisée par la société Japet, qui s’utilise dans les cas de lombalgie pour assurer le maintien au travail et accompagner la reprise de poste. Grâce à la traction créée par quatre micromoteurs, le dispositif, fixé sur le tronc de la personne, diminue la pression sur la colonne afin de retarder et soulager les douleurs lombaires. « Nous avons travaillé avec deux médecins pour concevoir cet exosquelette destiné à préserver l’autonomie de l’utilisateur », souligne Anaïs Schoreel, International Product Manager. Gros avantage : sa légèreté. Batterie incluse, il pèse moins de deux kilos. Une innovation qui intéresse l’industrie, mais aussi des entreprises du secteur de la construction telles que Vinci.

Semelles connectées

Plus innovant encore, les semelles morphologiques connectées imaginées par la start-up Rcup. Déjà testées par un certain nombre d’industriels dont PSA, Air Liquide, Orano, Eiffage et Vinci Energies, ces semelles ont également pour but de réduire la pénibilité des opérateurs.

Leur bénéfice est double, selon Frédéric Lassara, fondateur de la jeune pousse : « elles limitent les douleurs du bas du dos et permettent de prendre soin individuellement des opérateurs ». Réalisées sur mesure à partir d’un scan laser des pieds du salarié, puis dotées d’algorithmes d’intelligence artificielle, elles sont capables, grâce à la pression plantaire, de remonter des données, dans le respect de la vie privée des salariés. Elles permettent ainsi à l’utilisateur d’être informé du nombre de pas effectués dans sa journée pour éviter la fatigue superflue, du poids des charges portées, de leur fréquence… et de l’alerter lorsqu’il adopte une mauvaise posture. En cas de passage de seuils considérés comme pathogènes, un voyant passe au rouge afin de le prévenir et d’éviter les risques de TMS et de blessures, douloureuses pour les salariés et coûteuses pour l’entreprise.

Quelques chiffres

Les TMS affectent principalement les muscles, les tendons et les nerfs. Ils représentent

• 87 % des maladies professionnelles en France, soit plus de 42 500 cas en 2016 ;

• 46 % entraînent des incapacités permanentes ;

• 90 % concernent les membres supérieurs ;

• 1 consultation sur 5 pour lombalgie donne lieu à un arrêt de travail ;

• 1/3 des arrêts de travail de plus de six mois a pour origine une lombalgie. Cette pathologie est la 3e cause d’admission en invalidité pour le régime général.

Source : Assurance maladie.

Auteur

  • Nathalie Tran