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Le fait de la semaine

RSE : Les salariés handicapés en mal de progression

Le fait de la semaine | publié le : 27.05.2019 | Benjamin d’Alguerre

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RSE : Les salariés handicapés en mal de progression

Crédit photo Benjamin d’Alguerre

Si les salariés handicapés s’intègrent aujourd’hui facilement dans les entreprises, leurs évolutions de carrière y sont souvent ralenties. C’est ce que révèle le premier baromètre « Handicap et emploi » réalisé par le cabinet Occurrence et l’agence Inspirience à l’occasion du salon Handicap, emploi et achats responsables, organisé le 28 mai à Paris.

La bonne nouvelle : le handicap s’assume de plus en plus dans le monde professionnel. La mauvaise : malgré leur implication, ces salariés tendent à être les grands oubliés des plans d’évolution de carrière. Côté visibilité, l’époque où le handicap se vivait caché est révolue. Ainsi, 70 % des sondés du baromètre « Handicap et emploi » indiquent avoir informé leur employeur de leur état, que leur handicap soit visible ou invisible. 78 % ont effectué la démarche d’une reconnaissance professionnelle de leur handicap et 66 % l’ont obtenue. 79 % ont opté pour une reconnaissance de la qualité de travailleur handicapé (RQTH), un statut qui permet à ces travailleurs d’accéder à la palette de services des réseaux Cap emploi (formation, etc.), aux aides de l’Agefiph, aux services d’aide du maintien dans l’emploi des handicapés (Sameth) ou au marché de l’emploi protégé. Interrogés sur leurs motivations à dévoiler leur situation, 47 % des répondants indiquent en avoir fait état auprès de leur hiérarchie par besoin d’un poste de travail aménagé (56 % chez ceux disposant de la RQTH). Pouvoir travailler dans un environnement adapté constitue d’ailleurs la première revendication exprimée par les salariés handicapés (68 %). Loin devant l’aménagement du rythme de travail (37 %) ou des horaires (36 %).

À en croire les résultats du baromètre, la libération de la parole en entreprise sur le sujet du handicap est une réalité. Parmi ceux qui acceptent d’évoquer le sujet, 72 % le font avec leurs collègues, 70 % avec leur hiérarchie et 68 % avec les acteurs du handicap (lorsqu’il y en a). En revanche, ils ne sont que 37 % à se tourner vers leurs instances représentatives du personnel pour en parler. Quant à la médecine du travail… elle n’est quasiment jamais citée comme interlocuteur potentiel. Toutefois, 30 % des concernés avouent ne pas aborder le sujet sur le lieu de travail. Leurs réticences s’expliquent essentiellement (pour 60 % d’entre eux) par le fait qu’à leurs yeux « il ne s’agit pas d’un sujet professionnel ».

86 % « intégrés à l’équipe »

Au final, les salariés en situation de handicap semblent à l’aise dans leur situation professionnelle. 67 % d’entre eux jugent « facile » leur intégration dans l’entreprise et même 26 % « très facile » dès lors qu’ils évoluent dans une grande entreprise. 86 % se disent « intégrés à l’équipe comme n’importe quel collègue » ; 80 % s’affirment « reconnus pour leurs compétences » et 79 % « rémunérés au même niveau que n’importe quelle personne valide ». Idyllique ? Pas vraiment, car les salariés handicapés ne manquent pas de griefs à l’égard de leurs employeurs. Notamment celui de ne pas leur faciliter la vie. Si 73 % des sondés jugent ainsi que leur entreprise a pris des mesures favorisant leur intégration dans l’entreprise, ils sont 41 % à ne les trouver que « partielles ». Ils ne sont, dans le même temps, que 18 % à se dire « très satisfaits » des actions menées en faveur du handicap par leurs employeurs et seulement 17 % à estimer favorablement la prise en compte du handicap par l’entreprise.

Première revendication : la formation

Mais surtout, les salariés handicapés ne se sentent pas tirés vers le haut. Près des deux tiers indiquent ne pas se sentir accompagnés dans leur progression de carrière. Pour preuve, ils ne sont que 31 % à avoir reçu des formations au management, 19 % au leadership et à l’esprit d’entreprise et autant à l’animation d’équipe. Très peu, en somme. Et pas de quoi faire émerger des vocations de managers parmi les salariés en situation de handicap. Pourtant, « on constate cette envie d’évoluer, d’être formé… des attentes légitimes et identiques à celles des autres salariés », souligne Grégoire Decaux, directeur d’Inspirience. La formation est d’ailleurs la première revendication de ces salariés inscrits dans une vraie dynamique de performance professionnelle. Ils sont ainsi 30 % à réclamer davantage d’opportunités pour se former et prendre du galon. « Il existe un vrai écart entre le fort engagement des répondants et celui de leur entreprise pour leur intégration », déplore Occurrence. Reste à savoir comment le combler.

Auteur

  • Benjamin d’Alguerre