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Sur le terrain

Diversité : PSA Trémery insère les migrants par l’intérim

Sur le terrain | publié le : 17.06.2019 | Pascale Braun

Le constructeur s’apprête à reconduire pour la troisième fois l’insertion d’un groupe de personnes migrantes sur son pôle lorrain. Il a recouru au programme Hope, puis à un dispositif analogue conçu par Synergie.

Les partenaires de l’accueil de 23 – et bientôt 35 – réfugiés sur les lignes de production des usines PSA de Metz et de Trémery (57) sont unanimes : plus qu’à un simple programme d’insertion, ils ont participé à une aventure humaine dont ils tirent fierté et satisfaction. « En tant que premier employeur privé du Grand Est, nous nous devions de contribuer à l’accueil de réfugiés au titre de notre politique de RSE. En septembre 2018, puis en avril dernier, nous avons pu donner une deuxième chance à des personnes ayant connu des situations de grande difficulté et de grande misère. Cette intégration a très bien réussi », se félicite Bertrand Leconte, responsable gestion et développement des ressources humaines au pôle Metz-Trémery de PSA.

Un référent pour chacun

Regroupées depuis 2014 au sein d’un même ensemble industriel, les deux usines respectivement dédiées à la fabrication de boîtes de vitesses et de moteurs totalisent 3 500 salariés et 550 intérimaires et programment une quarantaine de recrutements. L’embauche d’un premier groupe de onze travailleurs migrants s’est déroulée en septembre 2018 dans le cadre du programme Hope (hébergement, orientation, parcours vers l’emploi). Déployé par l’État français et plusieurs partenaires institutionnels, dont Pôle emploi et l’Afpa, ce projet a déjà permis l’insertion de 1 500 réfugiés à l’échelle nationale et doit s’étendre à 3 000 nouveaux candidats d’ici à 2020.

En Moselle, les usines de PSA ont accueilli les personnes migrantes, préalablement formées par l’Afpa, pour deux semaines d’immersion dans le monde industriel, avec une formation théorique et pratique. Les RH ont ensuite mobilisé un tuteur pour chaque nouvel arrivant afin de faciliter son intégration dans les ateliers. « Ce dispositif est plus complet que pour un intérim classique, car chaque personne migrante conserve son référent dans la durée. Mais, dans les faits, le tutorat s’estompe au fil des mois », indique Bertrand Leconte. Les 11 personnes recrutées sont restées en poste en tant qu’intérimaires et l’une d’entre elles vient de signer un premier CDI.

En décembre 2018, les agences d’intérim Synergie de Thionville et de Metz ont tenté de s’inscrire dans le programme Hope pour constituer un nouveau groupe d’intérimaires appelés à intégrer le pôle Metz-Trémery de PSA. Mais, en cette fin d’année, les budgets étaient tous consommés. L’agence thionvilloise, pilote de l’opération, a dû monter par ses propres moyens un dispositif équivalent. Le foyer Amli de Metz, filiale d’insertion du bailleur social Batigère, a présenté à Synergie 12 hommes âgés de 20 à 35 ans dont une moitié d’Afghans et des ressortissants d’Albanie, de Géorgie, de Serbie et du Soudan. Tous avaient été scolarisés dans leur pays et présentaient un niveau de français A1, suffisant pour une conversation de base.

« Certaines personnes avaient déjà travaillé, d’autres pas. Nous nous sommes avant tout basés sur leur motivation qui ne s’est pas démentie durant les trois mois de formation, ni durant les premières semaines en intérim », indique Cécile Portenseigne, directrice des agences de Moselle de Synergie. Le Fonds d’assurance formation du travail temporaire (FAF.TT) et Pôle emploi ont financé à parité un programme comprenant un apprentissage intensif du français et une formation d’agent de fabrication industrielle délivrée par l’Afpa.

Formation adaptée

Le FAF.TT a testé pour la première fois un module d’enseignement du français langue étrangère adapté aux migrants. Initialement prévues en e-learning intégral, ces 70 heures de cours se sont déroulées dans les agences de Synergie en présence d’un formateur. Les futurs intérimaires ont ainsi conforté leurs acquis linguistiques, avant de commencer leur formation à l’Afpa. Tous sont allés jusqu’au bout du programme technique et certains ont même validé un niveau de français supérieur.

Le 1er avril 2019, ils ont intégré les usines de PSA sans difficulté. Seul un d’entre eux n’a pas pu surmonter ses épreuves personnelles et a quitté son poste. « Au fil de ces quatre mois d’accompagnement, les réfugiés nous ont peu à peu parlé de leur parcours, qui nous a inspiré un grand respect », souligne Cécile Portenseigne. « Les réfugiés ont été bien accueillis dans les ateliers où ils ont apporté une diversité qui tient à leur pays d’origine, mais aussi à leur vécu », confirme Bertrand Leconte. PSA Metz-Trémery s’apprête à accueillir en octobre prochain un nouveau groupe de migrants.

Auteur

  • Pascale Braun