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L’actualité

Colombie : Le côté obscur de la start-up la plus célèbre d’Amérique latine

L’actualité | publié le : 24.06.2019 | Lys Zohin

La mort d’un jeune migrant (d’origine bolivienne), renversé en avril dernier par un camion à Buenos Aires, a alimenté le mal-être de milliers de personnes qui travaillent pour des sociétés de livraison de pizzas. Le jeune homme livrait des produits pour la start-up colombienne Rappi, fondée en 2015.

C’est l’une des plus célèbres, figurant parmi celles qui connaissent le plus de succès dans la région (elle est présente en Argentine, au Brésil, au Chili, au Mexique, en Uruguay, au Pérou et en Colombie, dans plus de 50 villes). Nombreux sont les observateurs qui considèrent que Rappi, mais aussi Glovo, Ya et Uber Eats, parmi les sociétés les plus connues, bafouent le droit du travail.

La principale critique est la même qu’en Europe, à savoir que ces travailleurs, totalement dépendants de ces plateformes, sont en fait des salariés, et devraient, du fait de ce statut, bénéficier des avantages liés au salariat.

Aucune mesure de sécurité

En outre, quelques jours avant la mort du jeune livreur, un juge de Buenos Aires avait demandé la suspension des activités de ces sociétés tant qu’elles ne mettraient pas à disposition de leurs livreurs des casques et autres protections. Sa décision se basait sur une étude de la police de la capitale argentine, qui notait que 77 % de ces livreurs portaient un sac sur l’épaule en roulant, au lieu de l’avoir attaché sur leur vélo, que 67 % n’avaient pas de casque et 70 % pas d’assurance.

Au Chili, deux députés de l’opposition (de gauche) ont lancé une enquête auprès de plus de 900 de ces travailleurs, et conclu que les activités de ces plateformes étaient de « l’exploitation », qu’il fallait « réglementer d’urgence ». Les start-up comme Rappi profitent, qui plus est, du désespoir de nombreux migrants, en particulier, vénézuéliens, qui cherchent à tout prix à envoyer un peu d’argent à leur famille restée dans un pays ravagé par l’hyper-inflation et la récession économique. Mais les déboires des travailleurs ne semblent pas affecter les décisions des investisseurs. En avril dernier, Rappi a fait entrer le fonds japonais Softbank, pour un montant de 1 milliard de dollars. Du jamais vu auparavant en Amérique latine pour une start-up.

Auteur

  • Lys Zohin