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« Une entreprise ne se résume pas à 5 % de ses cadres »

L’actualité | publié le : 24.06.2019 | Dominique Perez

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« Une entreprise ne se résume pas à 5 % de ses cadres »

Crédit photo Dominique Perez

« Les RH à la recherche de nouveaux équilibres » est le thème de l’université de l’ANDRH qui a eu lieu à Nantes les 18 et 19 juin derniers. Pourquoi ce choix ?

Nous cherchons toujours un thème qui soit un sujet de préoccupation pour les DRH de l’association. Les professionnels des ressources humaines sont souvent confrontés à des situations dont la réponse n’est pas blanche ou noire. En outre, face à ces situations, il leur faut trouver un équilibre. L’équilibre n’étant pas l’immobilisme… Pour faire du vélo, vous devez avoir une forme de déséquilibre, c’est seulement en avançant que vous trouverez la stabilité. Ce qui signifie que dans les évolutions que l’on connaît aujourd’hui, qu’il s’agisse de centralisation/décentralisation, de vie privée/vie professionnelle, d’égalité hommes-femmes ou autres, on doit trouver des positions de sagesse compatibles avec la performance économique et évidemment le bien-être des salariés… Pour qu’une entreprise avance, il faut que les salariés arrivent le matin avec l’envie de travailler et cela nécessite beaucoup de réglages. On ne peut espérer l’équilibre qu’à partir du moment où on a géré les déséquilibres…

Parmi les thématiques abordées, la tendance à choyer les hauts potentiels au détriment des autres salariés a été mise en lumière…

Le vivier des « talents » d’une entreprise est constitué de l’ensemble des collaborateurs. L’important est d’engager tous les salariés du mieux qu’on peut et au mieux de leurs capacités – et même un peu au-dessus, afin de leur permettre de relever des défis et de se dépasser. Une entreprise ne se résume pas à 5 % de ses cadres, qui seraient les plus intelligents, les plus beaux, les plus forts… La réussite des organisations dépend de leur capacité à mobiliser les gens dits « ordinaires », c’est-à-dire 90 % des salariés…

Pensez-vous que ce fossé va se combler ?

Je l’espère et je pense que cela évolue déjà… Tout part du système éducatif. Aujourd’hui, un diplômé d’une grande école de commerce a d’abord eu un bon niveau en mathématiques, a obtenu un bac S avec mention, a travaillé d’arrache-pied en classe préparatoire et, une fois admis, s’est relâché… Mais il bénéficie du « label ». Cependant, dans ces grandes écoles, on apprend aussi l’arrogance, qui est particulièrement nocive, dans la gestion d’un État comme dans celle d’une entreprise. En institutionnalisant cette fracture par un traitement différent entre ceux qui auraient le savoir et ceux qui n’ont que le droit de se taire, on empêche les exclus de « l’élite » de s’exprimer et de donner la pleine mesure de leurs capacités. Et quand vous vous privez de 80 % ou 90 % du capital humain d’une entreprise, vous n’êtes pas dans la meilleure situation…

Auteur

  • Dominique Perez