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L’actualité

États-Unis : Les ouvriers de Volkswagen rejettent l’idée de se syndiquer ?

L’actualité | publié le : 01.07.2019 | Lys Zohin

La bataille était capitale pour le grand syndicat de l’automobile américaine, l’United Auto Workers, dans ses efforts pour renverser la tendance à la désyndicalisation dans l’industrie. Et elle a été perdue de justesse, dans la seule usine de Volkswagen outre-Atlantique, à Chattanooga, Tennessee (sud des États-Unis). Seuls 48 % des 1 600 ouvriers (pourtant payés moins que les salariés syndiqués…) ont voté en faveur d’une représentation syndicale. Déjà, il y a cinq ans, le syndicat avait perdu une bataille identique…

Campagne antisyndicale

Pour certains observateurs, ce nouveau revers est le fruit d’une campagne antisyndicale, menée notamment par les élus locaux, déclarant haut et fort qu’un syndicat chez eux signifierait l’abandon d’un nouveau projet d’usine (avec à la clé plus de 1 000 emplois) pour la production d’un véhicule électrique. « Pourquoi vouloir prendre un tel risque ? », demandait ainsi le maire du comté dans lequel l’usine se trouve. Et si les stations d’essence aux alentours affichaient des vidéos de soutien sur les pompes, les radios locales passaient au contraire en boucle des publicités antisyndicales. De même, les salariés ont dû écouter à de nombreuses reprises les discours antisyndicaux des managers, insinuant que l’usine actuelle fermerait en cas d’affiliation de leur part… Un thème d’ailleurs renforcé par le nouveau dirigeant de Volkswagen à Chattanooga, Frank Fischer, déclarant que la fermeture, en 1988, de l’usine de la société allemande à Westmoreland, en Pennsylvanie, avait avant tout été le résultat d’un conflit avec les syndicats – et que la même chose pourrait bien arriver dans le Sud. Un Sud des États-Unis notoirement contre les syndicats. Autant dire que l’United Auto Workers n’était pas assez bien préparée à cette levée de boucliers, concluent certains observateurs…

Un succès aurait été historique, puisqu’aucune des usines détenues par des constructeurs étrangers, qui assemblent près de la moitié de tous les véhicules produits aux États-Unis, n’est affiliée à un syndicat. Alors que dans les années 80, l’United Auto Workers comptait plus d’un million d’ouvriers affiliés, il ne reste aujourd’hui que 155 000 membres chez General Motors, Ford et Fiat Chrysler. Fermeture d’usines, automatisation, délocalisation au Mexique, émergence des constructeurs étrangers, Allemands ou Chinois, ont largement pesé sur la désyndicalisation. Sans oublier la crise de 2008, qui a contraint le syndicat à faire des concessions (sur les salaires, les pensions, la couverture santé…) pour aider GM, Ford et Chrysler à rester compétitifs face à la concurrence internationale. Et dont il a encore du mal à se relever.

Auteur

  • Lys Zohin