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Sur le terrain

QVT : Biomérieux a coconstruit son accord

Sur le terrain | publié le : 01.07.2019 | Lucie Tanneau

Sélectionnée parmi les entreprises innovantes dans le dialogue social par le ministère du Travail, la société Biomérieux a inscrit dans un accord, signé en janvier dernier, plusieurs mesures pour le bien-être de ses 3 900 collaborateurs en France.

Les négociations sont allées vite (douze mois raccourcis par un congé maternité aux RH) et les deux organisations syndicales (CGT et CFDT) ont signé l’accord. Biomérieux, qui développe et produit des solutions de diagnostic in vitro destinées aux laboratoires d’analyses privés ou hospitaliers, dispose, depuis janvier, d’un premier texte sur la qualité de vie au travail de ses 3 900 collaborateurs en France (10 000 dans le monde). « Le sujet est dans l’air du temps et les organisations comme la direction ont voulu le programmer, reprend Stéphanie Carles, la responsable relations sociales France du groupe. Nous avions un accord sur le télétravail depuis 2012, mais nous voulions aller plus loin. » Après les premières réunions fondées sur les concepts de qualité de vie au travail, un questionnaire a été envoyé aux 10 000 collaborateurs dans le monde afin de recueillir leurs idées en termes de QVT. Plusieurs ressortent dans l’accord final.

Flexjob

Pour ceux qui ne sont pas éligibles au télétravail, le flexjob permet notamment de travailler de chez soi six jours par an. « Pour ceux qui sont équipés matériellement », précise la société. « Au total, près de 2 000 collaborateurs vont pouvoir en bénéficier, soit bien plus que les 420 télétravailleurs réguliers », calcule Stéphanie Carles. Depuis juin, 334 personnes ont déjà posé 364 jours.

L’accord prévoit aussi une réduction des plages fixes dont se sont saisis rapidement les collaborateurs. Une mesure appréciée des syndicats. « Pour les personnes qui pointent et qui sont en horaires variables, cela permet d’emmener ses enfants à l’école », souligne Pierre-Yves Bois, ingénieur développement système et délégué syndical central CGT, signataire avec la CFDT. « Les horaires variables permettent de gagner en souplesse et de diminuer la pression : ça se ressent directement sur la qualité de vie au travail », remarque-t-il, même s’il regrette que l’accord bénéficie principalement aux populations cadres et techniciens supérieurs. Sur les sites, le texte signé prévoit la mise à disposition de salle de réunion pour des activités sportives ou pour des sessions de relaxation voire des siestes.

Les organisations syndicales ont retoqué deux fois le texte avant de signer grâce à l’ajout de deux points : le flexjob d’une part, et la négociation d’une gestion dynamique des carrières d’autre part, avec notamment une réflexion sur celle des salariés de plus de 58 ans ou plus. Une demande forte des collaborateurs qui devrait faire l’objet d’un autre accord. Soucieux d’appliquer au moins la moitié des mesures d’ici janvier prochain, Biomérieux réfléchit actuellement au parcours de formation des managers. « Nous voulons essayer de leur donner une vraie culture du feedback. Alors que la culture française est très orientée sur la mise en avant des points négatifs, nous croyons que la sérénité au travail passe par la motivation et que les managers doivent y être formés », défend la responsable relations sociales. « Manager n’est pas inné et donner les bons outils aux managers permet d’améliorer la QVT pour eux-mêmes et leurs équipes », résume la CGT. Les nouveaux managers bénéficieront automatiquement de ce parcours tandis que les plus anciens devront le repasser.

La liberté de se déconnecter

Enfin, sur le droit à la déconnexion, qui divise les salariés, direction et syndicats ont décidé d’inscrire dans le marbre la liberté de se connecter ou non. « Ce principe de déculpabilisation est innovant », se félicite Stéphanie Carles. « Tout le monde a le droit de travailler quand il le souhaite, sachant que nous sommes présents partout dans le monde, les horaires de travail ne sont pas les mêmes. Mais nous avons tenu à rappeler que les e-mails et appels tardifs, après 20 h 30, ne requièrent pas de réponse immédiate. Personne ne pourra être sanctionné pour défaut de réponse », souligne la responsable RH. « Le terme de déculpabilisation est important », souligne aussi Pierre-Yves Bois. « Ce n’est pas parce qu’on reçoit un e-mail à 22 heures un dimanche soir de son manager que l’on doit y avoir répondu à 8 heures le lundi matin : on a voulu rappeler aux gens que ce n’est pas à eux de gérer ça ! Ça participe à la qualité de vie », défend le délégué syndical qui souhaite désormais « faire vivre l’accord ».

Auteur

  • Lucie Tanneau