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Sur le terrain

Dialogue social : Entente presque totale chez le pétrolier français

Sur le terrain | publié le : 15.07.2019 | Irène Lopez

Mis en avant parmi les trente textes innovants présentés au ministère du Travail le 28 juin dernier aux « Réussites du dialogue social », l’accord relatif au dialogue social et économique chez Total a été conclu en juillet 2018. Retour sur un accord ambitieux qui a nécessité une quinzaine de réunions de négociation.

Il y a tout juste un an, le 13 juillet 2018, la direction de Total et les représentants des organisations CAT (confédération autonome du travail), CFDT et CFE-CGC ont conclu un accord groupe relatif au dialogue social et économique. Une signature qui achevait un long processus d’analyse et de négociation (cinq mois), représentant quelque quinze séances. Si l’accord fait partie des six textes promus par le ministère du Travail dans la catégorie « dialogue social, CSE et parcours syndicaux », c’est moins sur sa méthode que sur son contenu. À commencer par les mesures innovantes sur les parcours syndicaux et la carrière des représentants du personnel.

Dominique Convert, coordinateur CFE-CGC, est très clair sur le sujet : « Nous voulons changer la vision du dialogue social. Il faut reconnaître le mandat syndical au même titre que les autres postes opérationnels. Un jeune qui rentre dans l’entreprise et souhaite s’investir au sein d’une organisation syndicale ne doit pas être pénalisé dans sa carrière. » Un poste de gestionnaire de carrière dédié aux représentants du personnel a ainsi été créé. Des formations professionnelles et syndicales ont été prévues pendant le mandat pour assurer l’évolution de carrière et anticiper le retour à l’activité professionnelle. Gilles Noguerol, directeur des relations sociales du groupe, assure qu’en « termes de rémunération et de carrière, les syndicats et les représentants du personnel ont reçu des garanties quant à leur évolution ». Outre ces dispositions, un travail de fond a été fait sur la sensibilisation, sur le rôle et les missions de la représentation du personnel et des syndicats au sein des équipes et auprès des managers. Et ce, afin de pallier le désengagement des salariés, notamment les plus jeunes.

Santé, sécurité et conditions de travail

Côté périmètre, le dialogue social est porté au niveau du socle social commun au lieu des trois unités économiques et sociales qui composent le groupe (énergies nouvelles, raffinage pétrochimie et marketing services). « C’est un bon accord, applaudit Joël Autié, secrétaire du CAT. Un salarié qui passe d’une branche à l’autre, garde ses avantages. » Une place de première importance a également été accordée à la santé, à la sécurité et aux conditions de travail. François Pelegrina, coordinateur CFDT, se réjouit, pour sa part, du maintien des moyens accordés à la sécurité qui « vont bien au-delà des seuils légaux ». Dominique Convert, le coordinateur CFE-CGC, précise que les organisations syndicales n’ont eu aucun mal à conserver ces moyens : « C’était un point partagé par la direction. » De fait, un chapitre entier de l’accord est dédié à ces thématiques, avec un partage des prérogatives entre le niveau central et les établissements. Une formation santé, sécurité et conditions de travail de 5 à 8 jours a été actée pour tous les élus, titulaires ou suppléants, les représentants syndicaux et les représentants de proximité (désignés sur des sites éloignés).

Évaluation annuelle

Dans ce satisfecit général, quelques bémols. « Dans la mise en œuvre, qui est récente, il y a tout de même un sentiment de déception, relativise Joël Autié. Les textes sont suivis à la lettre. Un peu de souplesse serait nécessaire. Par exemple, pour les commissions santé, sécurité et conditions de travail, le texte n’a pas prévu de suppléant. Et si le titulaire est absent ? Ce ne serait pas trahir le texte que de prévoir des suppléants… » Ces manques pourront être passés en revue en novembre prochain, date à laquelle se réunira l’observatoire paritaire créé pour évaluer chaque année la mise en œuvre de l’accord d’un point de vue qualitatif et quantitatif. À noter, enfin, que la CGT et le Sictame-Unsa n’ont pas signé l’accord.

Le socle social commun

Le périmètre de négociation de l’accord appelé « socle social commun » regroupe 17 sociétés composant 3 unités économiques et sociales (énergies nouvelles, raffinage pétrochimie et marketing services), soit 15 000 salariés répartis dans 19 établissements avec un comité social et économique, 3 CSE centraux (1 par UES) et concerne plus de 600 salariés occupant 850 mandats.

Auteur

  • Irène Lopez