Se syndiquer est parfois un acte à haut risque. Près d’un responsable syndical sur deux dit avoir été discriminé au travail en raison de son mandat. L’absence d’évolution de carrière et d’augmentation de salaire, mais aussi la dégradation du climat et des conditions de travail, seraient le lot de bon nombre d’entre eux. La loi Rebsamen du 17 août 2015, qui espérait valoriser et donc encourager l’engagement syndical, n’a, semble-t-il, pas réussi à faire bouger les lignes : pour 42 % de la population active, il reste perçu comme un frein, et non comme un atout, dans le déroulement d’une carrière. La crise des vocations, qui dans certaines entreprises est pourtant devenue problématique, est loin d’être résolue quand on sait que, pour plus d’un tiers des salariés, la peur des représailles de la part de la direction annihile toute volonté de briguer un mandat de représentant syndical. Le mémento publié aujourd’hui par le Défenseur des droits a le mérite de vouloir sensibiliser les acteurs de l’entreprise (employeurs, salariés et syndicats) à la discrimination syndicale, à la repérer, à la prouver et à la corriger. Toutefois, un véritable pas ne sera franchi dans ce domaine que lorsque les protagonistes envisageront les relations sociales, non pas dans un esprit de confrontation, mais dans un esprit de dialogue. Et comme une condition de la réussite globale de l’entreprise.