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La France, start-up nation ou attardée numérique ?

Chroniques | publié le : 07.10.2019 |

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La France, start-up nation ou attardée numérique ?

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Martin Richer Management & RSE

Cessons de nous payer de mots. Il existe une métrique à peu près robuste pour évaluer la maturité numérique des pays et de leurs entreprises. Elle est construite par la Commission européenne sous le nom de DESI (Digital Economy &Society Index), un indice synthétisant une trentaine d’indicateurs. La dernière édition interpelle : troisième économie de l’Union européenne, la France ne se situe qu’au quinzième rang des 28 pays de l’UE pour sa note globale et fait du surplace.

L’inquiétude des salariés se traduit par un retard des entreprises en France

Selon une solide étude sur l’intelligence artificielle (IA) réalisée dans sept pays par Ipsos pour le BCG en juin 2018, la France est le pays dans lequel on se déclare le plus inquiet vis-à-vis de l’IA : 54 % des actifs contre seulement 38 % au Royaume-Uni, aux États-Unis, au Canada… et même 18 % en Chine. En conséquence de ces réticences, les entreprises françaises sont les plus en retard : 56 % des actifs déclarent ne pas utiliser d’applications de l’IA et que leur déploiement n’est pas prévu alors que seuls 22 % des Chinois sont dans ce cas.

Parmi les pays étudiés, la France est celui dans lequel la proportion des salariés qui déclarent que l’IA leur a été présentée comme un outil d’importance stratégique est la plus faible.

Plus largement, l’étude DESI montre que les entreprises françaises ont accumulé un retard très important par rapport à leurs concurrentes européennes dans l’utilisation des réseaux sociaux professionnels, de la formation en ligne, du commerce électronique, du cloud computing, des imprimantes 3D, des places de marché…

Mais cette inquiétude est souvent injustifiée

L’étude Ipsos montre que les salariés d’entreprises qui utilisent déjà des outils de l’IA sont considérablement plus optimistes et satisfaits que les autres : l’IA apparaît comme une solution mutuellement gagnante puisque ces salariés disent que l’impact de ces technologies est positif aussi bien pour l’intérêt de leur travail (70 %) et leur bien-être (69 %) que pour leur efficacité au travail (75 %) ou leurs résultats (75 %). Même en France où les jugements sont les plus négatifs, les salariés qui sont déjà en contact avec l’IA émettent un avis globalement positif (par exemple, 57 % d’entre eux signalent un impact positif pour leur bien-être).

Globalement, pour les sept pays, le soutien à l’IA est largement majoritaire et plus encore de la part de ceux qui l’utilisent déjà.

L’accompagnement est le facteur de progrès essentiel

L’étude Ipsos identifie quatre risques associés au déploiement de l’IA mis en avant par les salariés, en particulier ceux qui en sont déjà utilisateurs : la surveillance et le contrôle au travail (particulièrement sensible en Chine), les pertes d’emploi potentielles, la déshumanisation du travail et la protection des données personnelles. Voici pourquoi le numérique doit absolument être intégré aux politiques de RSE et aux démarches de management éthique.

Or ces questions sont très peu abordées dans les entreprises.

Les managers doivent s’impliquer. Mais seuls 40 % des salariés interrogés ont déclaré que le développement de l’intelligence artificielle et la transformation numérique de leur organisation avaient été des sujets sur lesquels ils ont échangé avec leurs managers.

En France, cette proportion tombe à 28 %, la plus faible des pays étudiés.

Les actifs attendent aujourd’hui que leurs dirigeants leur parlent d’IA et prennent des décisions à ce sujet (79 %).

Les DRH doivent aussi s’impliquer. Selon l’étude DESI, la France est l’un des pays dans lesquels la proportion des salariés utilisant des équipements informatiques pour leur travail et qui considèrent que leurs compétences informatiques sont adéquates est la plus faible.

Il va falloir combler ce fossé numérique avant qu’il ne se transforme en gouffre.

Pour aller plus loin : http://management-rse.com/2014/10/06/le-management-2-0-sera-t-il-socialement-responsable/