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Quand RTT rime avec écologie…

Le point sur | publié le : 07.10.2019 | L. Z.

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Quand RTT rime avec écologie…

Crédit photo L. Z.

Fabrice Angeï, secrétaire confédéral de la CGT, chargé des questions de droit du travail pour le syndicat, milite pour une semaine de 32 heures, créatrice d’emplois, et surtout, vertueuse en matière d’environnement. Explications…

Pourquoi la CGT milite-t-elle pour une semaine réduite ?

Fabrice Angeï : Depuis 2015, nous avons adopté le slogan : « travailler moins pour travailler mieux et travailler tous ». Car attention, ce pour quoi nous militons, c’est pour une semaine de 32 heures, quelle qu’en soit la formule, et non pas, comme le souhaite le patronat, faire rentrer 35 heures sur quatre jours ou privilégier le temps partiel. Nous avons d’ailleurs assisté ces dernières années à une intensification du travail et une modération très forte des salaires. Ce n’est évidemment pas ce que nous souhaitons ! Nous allons d’ailleurs réactiver la campagne sur le temps de travail et l’organisation du travail.

Quels sont vos arguments ?

F. A. : Nous voyons bien que ce n’est pas une priorité de ce gouvernement ni du patronat, mais nous voulons utiliser l’argument selon lequel il ne s’agit pas, comme cela a pu être dit à propos des 35 heures, de « partager la pénurie » d’emplois. Il s’agit de comprendre que les 32 heures, comme les 35 heures, sont de nature à créer des emplois. On peut discuter sur les chiffres, et je sais que le débat existe, mais il est indéniable que les 35 heures ont créé des emplois, et l’on peut s’attendre à ce qu’il y ait également un effet 32 heures, y compris sur des emplois dans de nouveaux secteurs, tels que les loisirs par exemple. Et bien sûr, une réduction de ce temps de travail, que tous les économistes prédisent depuis longtemps, ne serait-ce qu’en raison de l’avènement de la technologie, favorise d’une part l’équilibre entre vie personnelle et vie professionnelle, avec les avantages, y compris en matière d’engagement des salariés que cela procure, et de l’autre, si cette réduction du temps de travail est associée à une meilleure organisation de celui-ci, une plus grande productivité. Bref, que des avantages pour les collaborateurs, les entreprises et l’économie dans son ensemble… Et enfin, nous avons maintenant un nouvel argument en faveur de la réduction du temps de travail, c’est celui de la lutte contre le changement climatique…

Vous liez écologie et réduction du temps de travail ? Comment ?

F. A. Ce n’est pas moi qui le fais, ce sont des experts, notamment ceux du think tank britannique Autonomy. Leurs recherches ont établi un lien entre automatisation, réduction du temps de travail et écologie. Ainsi, au-delà du fait que si les gens travaillaient moins, ils se déplaceraient sans doute moins pour aller travailler, ils auraient aussi tendance, selon les études, grâce à ce temps additionnel, à le prendre pour aller au marché à pied plutôt qu’au supermarché en voiture, par exemple. Et une réduction de 1 % du temps de travail induirait une baisse de 0,8 % des émissions de gaz à effet de serre, selon leurs calculs. Un argument on ne peut plus pertinent compte tenu de l’urgence climatique ! Autant dire que cela nous conforte dans notre idée que fin du mois et fin du monde sont liés…

Auteur

  • L. Z.