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Sur le terrain

Fidélisation : Les entreprises américaines financent les fécondations in vitro de leurs salariées

Sur le terrain | publié le : 04.11.2019 | Caroline Crosdale

Autrefois apanage des géants de la Silicon Valley, la couverture fertilité se développe aujourd’hui dans des entreprises plus petites et de nouveaux secteurs d’activités : assurance, agro-alimentaire, commerce…

Dans son best-seller Devenir, Michelle Obama raconte comment ses deux filles ont été conçues grâce à la fécondation in vitro. Le traitement de l’infertilité a longtemps relevé de la sphère privée aux États-Unis. Et dans le monde du travail, c’était jusqu’à récemment un sujet tabou. Mais l’ancienne première dame a osé en parler… Et l’on s’aperçoit qu’un nombre croissant d’entreprises abordent désormais directement le sujet avec leurs salariées. Au départ, seuls les géants de la Silicon Valley (Facebook, Apple, Tesla…), les banques (Goldman Sachs, Morgan Stanley…) et des médias prenaient en charge les frais de congélation d’ovocytes et de fécondations in vitro. Mais les barrières tombent. Le cabinet de consulting Mercer souligne qu’en 2017, 37 % des entreprises de plus de 20 000 collaborateurs, tous secteurs confondus, proposaient une couverture FIV, un pourcentage qui atteignait 44 % un an plus tard. Les cafés Starbucks, l’entreprise de communications Viacom, le groupe de télécommunications AT &T, l’assureur Liberty Mutual… tous s’intéressent à la question. De même que General Mills, qui produit les céréales Cheerios, les yaourts Yoplait et les glaces Häagen-Dazs. Basée au cœur de l’Amérique profonde, à Minneapolis, dans le Minnesota, la société vient d’élargir sa couverture fertilité. Elle offrait il y a encore peu une enveloppe maximale de 10 000 dollars à ses salariées. Or la moindre FIV coûte 12 000 dollars, et l’aide de General Mills paraissait donc bien relative. Depuis le début de cette année, l’enveloppe est passée à 20 000 dollars. Et elle ne concerne pas seulement les salariées à plein temps, les temps partiels pouvant aussi en bénéficier. « Nous devons nous aligner sur les besoins d’une force de travail en mutation, explique Jacqueline Williams Roll, responsable des ressources humaines, afin que nos salariées soient plus heureuses et en bonne santé, au travail et chez elles. »

La position des grands groupes a évolué, celle des petites entreprises également. La plateforme de partage d’images Pinterest essaie ainsi de faire aussi bien que Google et Facebook dans ce domaine. Ses 2 000 employés dans le monde savent qu’ils peuvent compter sur un congé parental de 16 semaines à la naissance d’un enfant et de quatre semaines de transition, durant lesquelles la salariée vient au bureau une fois par semaine. Pinterest promet 5 000 dollars de participation aux parents qui adoptent. L’entreprise prend à sa charge 20 000 dollars pour financer la gestation par autrui et elle accepte de payer deux cycles de traitement FIV.

Changement de mentalité

Autant dire que les mentalités ont changé. Autrefois, les femmes en mal d’enfant étaient considérées comme des carriéristes ambitieuses qui avaient attendu trop longtemps pour avoir un bébé. Aujourd’hui, elles suscitent la sympathie. Les aider, c’est encourager la diversité et l’inclusion dans l’entreprise. Et obtenir le meilleur de ses troupes. « Les entreprises prospèrent quand elles investissent dans leur capital humain, souligne Alice Vichaita, responsable des avantages sociaux chez Pinterest. Dans une entreprise qui promeut une culture de l’empathie, les salariées produisent un meilleur travail et sont heureuses de le faire. » La direction de Pinterest croit ainsi « pouvoir attirer et garder en son sein des gens de tous horizons. » Le message passe bien auprès des femmes. Un sondage du magazine Glamour et de Modern Fertility assure que 60 % des intéressées préfèrent travailler dans un groupe offrant le traitement de l’infertilité plutôt qu’une entreprise ne proposant rien.

Dans un marché de plein-emploi, avec un taux de chômage de 3,5 %, accompagner les femmes dans leur désir d’enfant est devenu un outil de rétention des salariées talentueuses. Et comme de plus en plus d’entreprises ajoutent la procréation assistée à leur liste d’avantages sociaux, l’offre augmente – pour se différencier de la concurrence. Ainsi, le développeur d’applications sur téléphone portable FourSquare a ajouté à son dispositif la congélation d’ovocytes et étendu son offre aux célibataires et aux couples homosexuels, tandis que la banque Morgan Stanley a décidé cette année de simplifier l’ouverture du programme fertilité. S’il y a quelques années, il fallait essayer pendant 12 mois la fécondation naturelle… avant de passer à la FIV, plus besoin, dorénavant, de suivre ce parcours de combattante. Les femmes sont immédiatement admises dans le programme.

Auteur

  • Caroline Crosdale