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Sur le terrain

GPEC : InVivo s’adapte aux changements du marché agricole

Sur le terrain | publié le : 11.11.2019 | Lucie Tanneau

Le groupe coopératif et trois organisations syndicales ont signé un nouvel accord sur la gestion prévisionnelle des emplois et des compétences afin « d’accompagner la professionnalisation de l’agriculture en structurant ».

Pour s’adapter aux bouleversements générés par les nouvelles technologies, InVivo a signé un nouvel accord portant sur la gestion prévisionnelle des emplois et des compétences (GPEC) avec la CFDT, la CGC et la FGTA-FO (la CGT n’a pas signé). « J’ai demandé à mes équipes RH de revoir comment ajuster, conforter nos compétences internes à la nouvelle vision stratégique portée par le groupe. Après cinq ans à travailler sur 2025 by InVivo, le nouveau plan 2030 by InVivo demande de nouvelles compétences », expose Sébastien Graff, le DRH du premier groupe coopératif agricole français. « Nos métiers vont de la fabrication d’insectes de bio-contrôle en Californie à la vente chez Jardiland… il fallait articuler la GPEC en gérant à chaque niveau les compétences et l’emploi, avant de faire une synthèse à l’échelon du groupe », explique-t-il.

InVivo a donc créé un outil d’échange d’informations et d’anticipation des évolutions du secteur : Job Lab. « Le secteur agricole subit de nombreuses transformations ayant des impacts sur nos professions. La priorité de notre stratégie GPEC est d’anticiper l’évolution des emplois. Job Lab, l’observatoire des métiers, nous offre cette vision prospective », détaille Sébastien Graff. Lancé début 2020, Job Lab va examiner les métiers en tension et en sous-tension, ainsi que l’attractivité de chacun des périmètres en termes de marque employeur, afin de redéfinir les fiches de postes et d’ouvrir des possibilités d’évolution. « Par exemple, nos directions régionales, qui étaient des organes politiques d’échange avec les coopératives ont disparu : ces personnes ont dû changer de poste. Ce sont les changements comme ceux-là que nous devons anticiper. »

Le groupe devra ensuite inclure ces nouveaux besoins de compétences aux parcours de formation des collaborateurs. « C’est intégré dans les budgets, qui représentent 2,5 % de la masse salariale. »

Autre exemple de développement : le digital. En 2014, InVivo ne faisait aucun business sur le net. « En 2017, nous étions le 1er fournisseur de logiciels agricoles en France. On est partis de zéro collaborateur pour arriver à plusieurs centaines », détaille le DRH. « Depuis un an, on accélère encore, avec la décision de lancer une place de marché, type Amazon de l’agriculture. » La première transaction a été faite à la mi-octobre.

« 70 collaborateurs travaillent sur Aladin et 50 millions d’euros ont été investis : on a dû identifier en interne des collaborateurs que l’on a fait migrer sur le projet et on est allé chercher des compétences en externe », poursuit-il. Même scénario avec le bio-contrôle. « Certains de nos agronomes étaient des spécialistes des pratiques conventionnelles, ils ont dû s’adapter… » « L’idée est que tout le monde reste à bord et apporte une contribution maximale aux objectifs de l’entreprise », analyse Sébastien Graff.

Garder les seniors mobilisés

L’accord signé accorde une attention toute particulière aux « fins de carrière ». « Avec les évolutions sur les retraites, les seniors qui partaient à 62 ans vont rester plus longtemps et nous devons les garder mobilisés jusqu’au dernier moment. On doit les accompagner pour continuer de bénéficier de leurs compétences. » Un aménagement est aussi prévu trois ans avant le départ en retraite permettant de passer à 80 %, payé 90 %. L’ensemble des collaborateurs a été informé de la mise en place de cet accord et de Job Lab et les managers ont été formés afin de transmettre aux responsables des ressources humaines les questions et besoins de formation de leurs équipes. « Dans certains métiers, comme le digital, le cycle d’un an sera peut-être écourté, mais pour ce qui est du stockage des céréales, le timing est le bon. »

Pour Frédéric Ermel, de la CFDT, cet accord est « encourageant ». « Depuis vingt ans que je suis dans le groupe, nous n’avions jamais signé d’accord portant sur la GPEC. Cette fois, nous nous sommes donné pas mal d’outils pour réfléchir à l’avenir. L’idée de mettre direction et managers autour d’une table et d’adapter ensuite les formations me semble bonne », détaille-il. « 

Bien sûr, il faudra des moyens mais on a fait un pari et la commission de suivi est là pour s’assurer de l’avancement. »

La CGT, non signataire, regrette justement que les budgets de formation n’aient pas été augmentés d’emblée, et aurait souhaité un aménagement des horaires de travail pour les métiers dits pénibles.

Auteur

  • Lucie Tanneau