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Apprentissage : Le chantier de la réforme n’est pas achevé

L’actualité | publié le : 25.11.2019 | Benjamin d’Alguerre

Malgré les bons chiffres de la rentrée pour l’apprentissage, des obstacles restent à surmonter pour éviter de briser l’élan impulsé par la réforme.

En termes quantitatifs, tous les signaux sont au vert pour l’apprentissage avec 458 000 apprentis recensés à la rentrée 2019. « Les entreprises font plus que jouer le jeu : une véritable dynamique en faveur de l’apprentissage s’est engagée », témoignait Antoine Foucher, directeur de cabinet de la ministre du Travail, à l’occasion de la deuxième rentrée de l’apprentissage organisée le 18 novembre par l’Association nationale des apprentis de France (Anaf). Même les réseaux présents dans les secteurs de grande ruralité voient leurs recrutements à la hausse avec + 27 % d’apprentis dans les CFA des Compagnons du Devoir et + 17 % chez les Maisons familiales et rurales (MFR).

Si « le degré d’appropriation de la réforme est fort », selon Antoine Foucher, l’exécutif entend desserrer tous les freins encore identifiés pour éviter que les bons chiffres 2019 ne soient qu’un feu de paille. En régulant au mieux, dans un premier temps, le basculement entre organismes financeurs pour éviter de gripper la machine. Ainsi, les Opco – qui succèdent aux régions en tant que principaux bailleurs de fonds des CFA au 1er janvier – devront régler l’entièreté de leur prise en charge financière (selon les règles du coût-contrat) avant le 30 janvier afin de permettre aux centres de formation de fonctionner normalement durant l’année de transition.

Parmi les autres sujets chauds : l’accompagnement des apprentis (qui fait l’objet d’une mission confiée à l’inspecteur général de l’administration de l’Éducation nationale Guillaume Houzel), la modulation des cursus pour permettre une entrée tout au long de l’année et l’aide à l’orientation des futurs candidats à l’apprentissage. Sur ce dernier point, deux évaluations seront effectuées en mars 2020 et 2021 sur les taux de réussite aux diplômes des apprentis et d’insertion dans l’emploi post-formation. « Leurs résultats seront accessibles sur une plateforme publique », précise Antoine Foucher.

Écueils

L’Anaf, de son côté, travaille sur un simulateur en ligne permettant aux apprentis et futurs apprentis d’évaluer leur éligibilité aux aides – logement, transport… – que proposent les divers acteurs sociaux et territoriaux (régions, Opco, départements, mutuelles…) leur accordent. Une tâche ardue à l’heure où les cartes sont rebattues entre les divers prestataires. Ainsi, certaines régions ont annoncé le gel de leurs dotations alors que d’autres, comme les Hauts-de-France, promettent de continuer à les assurer sur leurs budgets… mais pendant combien de temps et avec quelles majorités aux manettes ? Quant aux Opco, qui doivent les suppléer au 1er janvier, ils le feront selon les règles d’un décret qui limite la prise en charge des frais de restauration à 3 euros par repas et celle de l’hébergement à 6 euros la nuit. « Cela risque de créer un nombre conséquent de disparités entre établissements et apprentis », résume Aurélien Cadiou, président de l’Anaf.

Deux autres sujets préoccupent les apprentis de France : la proposition de loi déposée par la députée LR Isabelle Valentin visant à ce qu’une entreprise formant un apprenti le garde à l’issue de son parcours ou le cas des apprentis de la Fonction publique dont le coût ne sera plus pris en charge qu’à 50 % par le CNFPT, le reliquat restant à la charge des collectivités accueillant le CFA. Deux risques pour le développement de l’apprentissage, selon l’Anaf et contre lesquels elle a déjà commencé à ferrailler.

Auteur

  • Benjamin d’Alguerre