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Alléger nos filtres

Chroniques | publié le : 09.12.2019 |

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Alléger nos filtres

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Meryem Le Saget conseil en entreprise

Une personne nous attire, une autre nous agace, on a souvent le sentiment d’avoir des opinions justes et objectives. Et pourtant, dans toute relation, c’est essentiellement de soi et de ses projections dont il s’agit. Chacun perçoit la réalité à travers ses filtres.

Quand quelqu’un nous énerve,

on le critique, on souligne ses comportements que l’on trouve irritants, déplacés, et parfois même insupportables. De qui parle-t-on en fait ? Essentiellement de soi. De sa difficulté à être tolérant par exemple. Au lieu d’accepter les personnes telles qu’elles sont, il est plus facile de les évaluer par rapport à soi. Regardons à quoi ressemblent ces filtres.

Il est plutôt comme moi, et je l’en félicite.

Quand les autres possèdent les mêmes valeurs que soi, adhèrent aux mêmes principes d’action, tout est plus simple. « C’est plus confort quand l’environnement me ressemble », pourrait-on dire ! Notons qu’il s’agit bien de confort, et non de richesse d’échanges ou d’ouverture grâce à la différence.

Il est plutôt comme moi, et je le plains.

Notre interlocuteur nous touche parce qu’il a certaines faiblesses qui résonnent avec les nôtres. Il est timide, ou il sort de ses gonds facilement, ou encore il patauge dans certaines circonstances, bref, nous voyons très bien ce qu’il traverse, et nous le plaignons d’autant plus que nous connaissons le sujet. Projection de nouveau.

Il n’est pas comme moi, et je l’en félicite. Nous admirons telle personne parce qu’elle possède des qualités qui nous plaisent et que nous n’avons pas. Elle est à l’aise devant des défis audacieux, elle reste sereine comme si équilibrer sa vie était un jeu d’enfant, elle sait prendre des décisions difficiles, nous envions ses capacités. Projection encore.

Il n’est pas comme moi, et je le plains.

Parfois ceux que nous côtoyons se mettent dans des galères insoupçonnées ! Et notre réaction naturelle est de penser « pas de bol pour lui, mais moi ça ne m’arriverait pas ». Il n’a qu’à mieux trier ses priorités, ou bien faire attention à son budget, ou encore respecter davantage sa santé, etc. Mais ces critiques peuvent aussi cacher une peur de tomber dans les mêmes pièges : peur d’avoir les mêmes travers si nous n’y prenons pas garde, jalousie devant la liberté que l’autre s’octroie, besoin de pouvoir que nous avons du mal à assumer… En réalité, toutes ces situations racontent une histoire assez personnelle, celle des parties de nous-même que nous avons choisi de nier pour éviter l’inconfort.

Se complaire derrière ses filtres

est peut-être confortable mais cela évite d’évoluer. Nous restons dans un champ de conscience limité, inchangé, et surtout nous ne prenons pas le risque de nous adresser en direct à la personne concernée. Nous préférons l’évaluer de notre fenêtre. En nous appuyant sur des alliés qui partagent nos opinions. Mais les pistes de solution sont sans doute ailleurs, surtout lorsque les personnes « ne sont pas comme nous » : aller voir l’interlocuteur en direct, essayer de mieux le comprendre, s’enrichir de son point de vue différent du sien, faire ses demandes en adulte et construire un terrain d’entente. L’écoute profonde et le respect sont souvent le début de la compréhension mutuelle.