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Sur le terrain

Conditions de travail : FM Logistic utilise des exosquelettes dans ses entrepôts

Sur le terrain | publié le : 06.01.2020 | Mathieu Noyer

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Conditions de travail : FM Logistic utilise des exosquelettes dans ses entrepôts

Crédit photo Mathieu Noyer

Le groupe logistique développe plusieurs aides mécaniques dans ses établissements pour prévenir la pénibilité et les risques de TMS.

Ce n’est pas encore le salarié bionique, mais, chez FM Logistic, exosquelettes et vêtements connectés s’invitent de plus en plus dans les entrepôts. Pour la bonne cause, celle de la prévention des risques de troubles musculo-squelettiques (TMS). Au sein du groupe français, devenu un poids lourd mondial de la logistique avec ses 27 000 collaborateurs dans 14 pays, les expérimentations et débuts de généralisation de la mise en place de tels outils viennent consacrer près de dix ans d’efforts. Cette politique s’est accélérée avec le recrutement d’une ergonome en 2014, Samya Bellhari-Trahin. Un comité de pilotage d’une dizaine de directeurs de métiers et de sites s’est alors constitué avec le DRH afin de fixer un cap commun au groupe déjà en forte expansion à l’époque. La démarche est passée par des actions de sensibilisation, l’inscription au programme TMS Pro des Carsat et la rénovation des modules de formation aux gestes et postures. « C’est dans ce contexte que nous avons recherché les derniers outils techniques disponibles qui soient en mesure de nous accompagner », ajoute Samya Bellhari-Trahin, également chef de projet santé-sécurité au travail.

L’idée de recourir à des exosquelettes a alors germé, de façon à prévenir et réparer les risques liés au port des charges, à leur pose et leur dépose, aux mouvements de poussée, de levée et de tirage. Pour autant, la quête n’a pas été aisée. Six modèles existants ont été jugés potentiellement appropriés, mais finalement, les spécificités de FM Logistic lui ont fait privilégier la conception d’un prototype, par le biais d’un appel à des partenaires académiques. Ce qui a abouti à une coopération avec l’Université de technologie de Compiègne et la start-up lilloise Occo.

De cette rencontre est né « Ergoskel ». Muni d’un système mécanique, cet « ergosquelette » permet le report des efforts physiques supportés par les bras et le dos vers le bassin lors du port des charges. FM Logistic l’a fait tester par dix salariés, pour des ports de 10 à 20 kg pendant une semaine sur des durées de 2 à 3 heures. « Il conserve à nos préparateurs de commandes leur liberté de mouvement, tout en diminuant de 70 % l’activité musculaire des membres supérieurs et du dos », souligne l’entreprise. Une première version complète a été mise au point cet automne et testée à nouveau auprès de 25 salariés dans cinq entrepôts. Une seconde suivra au 1er trimestre prochain, en vue de son implantation progressive sur les sites. Un autre exosquelette se trouve au stade du test pour prévenir les lombalgies. Nommé Japet, il résulte d’une coconception avec un fournisseur : quatre micromoteurs génèrent une traction lombaire qui retarde la fatigue, en évitant le corset qui immobilise le torse.

Troisième réponse, Viz-0 est la plus avancée dans son déploiement, puisqu’elle concerne 60 modèles dans cinq entrepôts. Selon FM Logistic, c’est une première du genre pour la protection des cervicales. L’exosquelette obéit au principe de l’appuie-tête. Il accompagne le poids de la tête en suivant le mouvement des cervicales, il ne s’actionne que lorsque l’opérateur regarde vers le haut. Après trois mois d’usage, les collaborateurs équipés observent une diminution de plus de 70 % de leurs douleurs, d’après l’entreprise.

Veste connectée

Le groupe souhaite désormais aller plus loin dans la prévention, par une évaluation la plus exacte possible de l’exposition aux TMS. Ce travail d’objectivation a nécessité le recours à une « veste connectée » confectionnée par l’entreprise textile Mulliez-Flory, avec l’ingénieriste Altran. Une douzaine de capteurs insérés dans la doublure mesurent la durée dans le temps et la fréquence de levée des bras au-dessus des épaules, de pliure des coudes, de torsion du buste ou encore de flexions de jambes. FM Logistic vise, par cet exercice, à cartographier les TMS de façon à concevoir en amont des postes plus confortables et à revoir les organisations en fonction des cotations de risques qui seront constatées, dans le sens de rotations et de polyvalences de postes.

Le transporteur-logisticien a souhaité faire valider la pertinence de ses actions par un regard extérieur. « La création de la norme Iso 45000 de santé-sécurité au travail nous a procuré cette opportunité », souligne Samya Bellhari-Trahin. S’étant soumis aux audits nécessaires, le groupe a décroché la certification en 2019.

Auteur

  • Mathieu Noyer