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Chili : Les employeurs vont (enfin) cotiser pour la retraite de leurs salariés

L’actualité | publié le : 03.02.2020 | Lyz Zohin

Laboratoire de l’ultralibéralisme des années 70 aux années 90, le Chili a longtemps été le pays de la retraite par capitalisation, introduite en 1982. Les travailleurs étaient censés verser 10 % de leur salaire sur un compte individuel, géré par des organismes financiers privés chargés de faire fructifier leur épargne. Reste que les salariés les plus pauvres, sans oublier ceux qui travaillent au noir – près de la moitié de la population, selon les estimations – n’ont jamais eu les moyens d’épargner ou d’épargner assez. Résultat, l’âge de la retraite venu, 80 % des seniors se sont retrouvés quasiment indigents ou bénéficiant de pensions au montant insignifiant, bien en dessous du salaire minimum (équivalant à 350 euros). D’autres, même en ayant travaillé toute leur vie et épargné correctement, ne sont pas beaucoup mieux lotis, le système des fonds de pension étant particulièrement onéreux et peu efficace… Alors que la promesse était d’un taux de remplacement de 70 % avec la privatisation, il est plutôt de 20 % à 30 %, selon les instituts de recherche. En 2018, la pension moyenne des hommes se situait ainsi autour de 181 euros, celle des femmes à la moitié de ce montant. Pas étonnant que la question des pensions de retraite se soit retrouvée au cœur de la contestation qui secoue le pays depuis trois mois…

La privatisation du système avait déjà montré ses limites, au point qu’en 2008, sous la présidence de la socialiste Michelle Bachelet, il avait fallu y injecter une dose de solidarité, avec une première réforme qui avait permis à tous les plus de 65 ans ne bénéficiant pas d’une retraite privée digne de ce nom d’obtenir le minimum vieillesse, payé par l’État. Mais cela n’a pas suffi.

L’actuel président, le conservateur Sebastian Piñera, dont le frère, José, a initié la privatisation du système du temps de la dictature Pinochet, vient d’annoncer qu’il allait déposer un nouveau projet de loi au Parlement : les employeurs devront désormais cotiser pour la retraite de leurs employés. Jusqu’à présent, en effet, le système ne fixait aucune cotisation de leur part. Une fois la loi adoptée, leur contribution s’élèvera à 4 % du salaire (les salariés eux-mêmes devant continuer de s’acquitter des 10 % prévus par le dispositif). Pour permettre au patronat d’absorber ces coûts supplémentaires, la mise en place se fera progressivement, sur une période de huit ans. Adopté par une vingtaine de pays dans le sillage du Chili, ce système de retraite privé a déjà été abandonné par la moitié d’entre eux…

Auteur

  • Lyz Zohin