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H&M à l'amende en Allemagne pour espionnage de ses salariés

L’actualité internationale | publié le : 05.10.2020 | Lys Zohin

La Commission de protection des données de Hambourg vient de condamner la société d'origine suédoise H&M à une amende de 35,3 millions d'euros pour violation du RGPD. La chaîne de magasins de vêtements a été reconnue coupable d'avoir espionné, au moins depuis 2014, plusieurs centaines de salariés de son centre de service de Nuremberg. Non seulement les managers conviaient, par exemple, les salariés à des discussions en one to one, notamment à un retour de congé maladie ou de vacances, et enregistraient les propos tenus par les collaborateurs à leur insu, mais les supérieurs hiérarchiques espionnaient également les conversations privées entre collègues à la machine à café, et gardaient précieusement toutes ces informations – sur la situation familiale, sur d'éventuels problèmes personnels et jusqu'aux croyances religieuses – dans des dossiers numériques, auxquels plus d'une cinquantaine de managers avaient accès. Le pot aux roses a été découvert lorsque les données collectées ont été rendues visibles à tous dans l'entreprise, en raison d'une mauvaise manipulation informatique. Après l'émoi suscité au sein de l'entreprise – et relayé par la presse – les autorités allemandes se sont emparées du dossier. Selon le compte rendu de la décision de Johannes Caspar, le commissaire à la protection des données et de la vie privée qui a statué sur ce cas, « les informations étaient utilisées notamment pour prendre des mesures et des décisions sur l'emploi de ces salariés ». Une attitude « en violation flagrante avec le RGPD », a ajouté Johannes Caspar. L'amende qui vient d'être infligée à H&M est l'une des plus élevées depuis la mise en application du RGPD en Europe, en 2018, et la plus élevée de la part des autorités allemandes à ce jour. L'an dernier, la France a infligé une amende de 50 millions d'euros à Google pour violation du RGPD. L'Allemagne, compte tenu de son histoire marquée par la surveillance généralisée des citoyens durant la période nazie, puis en Allemagne de l'Est, applique très rigoureusement la réglementation sur la protection de la vie privée. Le commissaire Caspar a d'ailleurs conclu sa décision en espérant que la sanction imposée à H&M dissuadera d'autres entreprises de se livrer à pareilles pratiques. La société suédoise, qui peut encore faire appel, a, pour l'instant, choisi de publier un communiqué dans lequel elle assure que les faits découverts à Nuremberg ne « correspondent pas aux instructions de la maison mère ». Elle a, en outre, présenté ses excuses aux salariés et annoncé avoir mis en place des formations pour ses managers concernant le respect de la vie privée. Enfin, elle a assuré qu'elle dédommagerait – sans indiquer de montant – les salariés affectés par ces pratiques d'espionnage.

Auteur

  • Lys Zohin