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« La crise actuelle est de nature à révéler des talents »

L’actualité | publié le : 20.04.2020 | Lys Zohin

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« La crise actuelle est de nature à révéler des talents »

Crédit photo Lys Zohin

Les nouvelles conditions de travail actuelles, dont le télétravail, sont-elles un test pour les managers ?

Je ne sais pas si cela les teste, mais ce qui est sûr, c’est que la situation fait ressortir les prises d’initiatives pour s’adapter et gérer les projets. La crise actuelle est de nature à révéler des talents, de même qu’elle permet d’expérimenter de nouvelles choses. D’autant que le rôle du manager est clé en ce moment. Il importe de conserver la dynamique qui s’est mise en place au début du confinement. Or à mesure que les jours passent, que les salariés doivent travailler avec leurs enfants à la maison, que les objectifs sont peut-être moins clairs et moins bien définis, le danger d’un désengagement rôde. Plus encore que la vision à court et moyen termes, il s’agit pour les managers de préserver l’unité.

Quels sont les conseils que vous auriez à donner pour combattre le désengagement ?

Au Village by CA, nous faisons du coaching auprès des managers. Nous leur donnons comme conseil en général de construire leur vision à court, moyen et long termes et encore plus dans la situation actuelle, de mettre sur pied un plan de crise pour gérer les deux mois qui viennent. Il s’agit d’abord d’établir les priorités sur les actions à mener et d’envisager les écueils qui pourraient surgir. En outre, au lieu de parler d’objectifs et d’enjeux, il est plus judicieux de fixer des résultats à atteindre, afin que chacun se sente engagé pour l’exécution. Bien sûr, il faut également définir les meilleures instances pour communiquer et partager – sans oublier de consulter les collaborateurs, grâce à des outils et des routines, quotidiennes et hebdomadaires, avec les équipes au complet de même qu’individuellement. Par ailleurs, les feed-back, en cette période, sont particulièrement importants. Il s’agit de valoriser le travail de tous, de façon individuelle. Pour tout cela, rien de tel que l’organisation de réunions collectives, y compris informelles et des appels téléphoniques individuels pour bien faire sentir à tous que le manager est là, en appui. Le rôle du manager est également d’anticiper la reprise. Ce qui pourra même l’inciter, en fonction de l’autonomie dont auront fait preuve certains collaborateurs et de leur prise d’initiatives, à faire évoluer les rôles dans l’équipe. Les managers devront pour cela se rapprocher de la direction des ressources humaines, pour réfléchir aux moyens d’accompagner les talents détectés durant cette période.

La crise pourrait-elle donner naissance à une nouvelle forme de management et de fonctionnement des organisations ?

S’il y aura bien un « avant » et un « après », la nature reprend souvent vite ses droits ! Tout ce qui aura été instauré pendant le confinement ne va pas forcément perdurer. Cela dit, via le télétravail et les outils de communication mis en place pour travailler en équipe de chez soi, les sociétés qui sont en retard en matière de digitalisation vont se rendre compte qu’elles ont été pénalisées. Ce constat va accélérer, voire forcer, leur transformation digitale. Le rôle du manager, dans ce cadre, est de conserver ce qui aura été utile pendant le confinement afin de rendre l’organisation plus souple. De même, la crise est l’occasion pour l’entreprise de travailler sa raison d’être et ses valeurs, d’autant qu’à la sortie du confinement, si certains collaborateurs seront ravis de reprendre le chemin du bureau, d’autres auront plus de mal, habitués qu’ils auront été à travailler de chez eux de façon autonome. Et d’aucuns seront frustrés, surtout s’ils ne peuvent pas partir en congé comme prévu… Cette réflexion sur les valeurs est souvent davantage le fait de la direction que du management à proprement parler, mais il n’en reste pas moins que la culture d’entreprise repose sur les valeurs de toutes les personnes qui composent l’organisation. Si le comportement de l’organisation n’a pas été à la hauteur de leurs attentes, certains collaborateurs pourront à ce moment-là sentir un désalignement. À l’inverse, d’autres se seront davantage reconnus dans les mesures vertueuses prises par leur structure. En tout état de cause, il faudra observer l’attractivité de la marque employeur des entreprises en fonction des valeurs qui auront été mises en avant ou remodelées à la faveur de la crise.

Auteur

  • Lys Zohin