L’Ugict-CGT vient de publier un guide sur l’intelligence artificielle qui prend acte de « la reconfiguration des organisations du travail liée à l’introduction de [ces] dispositifs ». Le document note que « de nouvelles facilités et contraintes apparaissent lors de l’exécution du travail ». Pour Jean-Luc Molins, secrétaire national de l’Ugict-CGT, « cette technologie remet en cause le management de proximité ». Il cite le cas du terminal Facteo de La Poste, « qui indique au facteur comment faire sa tournée et fixe des durées à respecter ». Ce type de technologie « les pousse à contourner leurs managers de proximité et se révèle maltraitante pour l’exercice professionnel à la fois pour le facteur et le manager qui est privé de son rôle de régulateur de l’activité ».

Soulignant l’apparition de « dispositifs standardisés » dans les processus RH, l’Ugict-CGT estime qu’ils « présentent le risque d’éluder les vrais sujets à traiter lors de l’entretien d’évaluation ». Le syndicat a demandé à un cabinet-conseil en management d’évaluer les progiciels existant pour ces entretiens. « Ils ont constaté que les managers et les collaborateurs n’ont souvent qu’un tutoriel pour utiliser ces outils, note Jean-Luc Molins. L’ordre des questions est pré-établi, ce qui ne laisse aucune autonomie sur la conduite de l’entretien. Ce formatage implicite prive le manager et le collaborateur de toute autonomie. »

D’après la CGT, la question de la maîtrise de l’outil, mais aussi de l’usage ultérieur des données, leur stockage, leur durée de conservation et le but dans lequel elles seront utilisées, est posée.

« Tous ces éléments doivent être préalablement fixés », estime Jean-Luc Molins. Selon lui, « le RGPD ne lève pas l’opacité qui règne sur les algorithmes alors qu’ils sont employés pour prendre des décisions ». L’Ugict-CGT réclame donc que les critères et les modes de calcul utilisés par ces outils puissent être expertisés après demande du CSE.