Le confinement a changé les relations professionnelles. Ces deux mois ont vu s’installer de nouveaux comportements individuels, la fameuse distanciation, mais aussi émerger de nouvelles règles du jeu pour l’organisation : on parle énormément de ces salariés qui « ont pris goût au télétravail »1, mais on découvre aussi que pour d’autres, la perte du collectif, avec ses repères temporels et cognitifs, ses rituels, a constitué un bouleversement majeur.

En quelques semaines, chacun a vécu une expérience inédite, et l’organisation a été chahutée.

Au-delà de l’enjeu de faire revenir les salariés, l’entreprise va devoir reconstituer son unité et redonner vie au collectif de travail. Parce que cette période aura laissé des traces, il faudra dire, partager, évacuer, tirer les leçons. S’interroger ensemble et redonner du sens, pour chacun.e et pour l’organisation tout entière. Bien sûr, il y aura la machine à café. Mais ce n’est pas suffisant.

Avec Internet, qui était censé le détrôner, l’écrit a pris dans les relations professionnelles une place croissante. Écrire au travail, écrire vite, écrire bien est devenu un impératif, un enjeu et souvent une source d’inquiétudes. Mais la période du confinement a modifié la donne : l’écriture a pris une nouvelle place, joué un rôle inédit. Pour faire partager ses craintes ou ses découvertes, pour résoudre des problèmes et faire avancer des dossiers, entre boucles WhatsApp, chats, et posts sur les réseaux sociaux, chacun a écrit. Et c’est par l’écrit que l’entreprise peut passer du retour d’expériences à un récit refondateur.

Écrire, pour dire le vécu individuel et reconstituer le groupe, l’équipe. Raconter comment l’organisation a tenu, comment chacun a tenu. Identifier les appréhensions et retenir les bonnes pratiques. Exprimer les tensions pour les dépasser et se rassembler. Écrire l’histoire de l’entreprise, l’histoire de chacun dans ce moment-là. Partir du retour d’expériences pour élaborer la suite.

Après la reprise, les organisations s’enrichiront en se donnant un temps, court, mais nécessaire, pour écrire ce qui a changé et ce qui demeure, les pistes que chacun a explorées et ce qu’on a inventé ensemble. Il faut donner aux collaborateurs l’occasion de mettre des mots sur cette période inédite pour leur permettre de redémarrer, leur proposer de coécrire, de réinventer leur capacité à fonctionner ensemble et à se projeter.

Écrire en équipe sur le lieu de travail, en individuel via un dispositif par mail, produire en séminaire de direction un texte de référence pour l’entreprise tout entière, proposer des ateliers aux salariés pour qu’ils relatent ce qu’ils ont vécu et ce qu’ils imaginent pour la suite… chaque organisation choisira le dispositif qui lui correspond. Un tel dispositif, construit en partenariat avec des DRH et des psychologues, a mis en évidence les deux conditions indispensables pour installer la confiance : une communication interne transparente et une animation confiée à des professionnels, respectant l’éthique et les méthodes des ateliers d’écriture créative. Ainsi, le passage par l’écrit peut apporter à l’organisation et aux équipes une solution pour sortir de la crise et mieux travailler ensemble dans le « nouveau normal ».