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Sur le terrain

RSE : JP Morgan accroît ses efforts en faveur de la diversité raciale

Sur le terrain | publié le : 06.07.2020 | Caroline Crosdale

Au lendemain de la mort de George Floyd, les dirigeants de la banque JP Morgan Chase ont promis de faire plus pour lutter en interne contre les discriminations.

Début juin, Jamie Dimon, le PDG de JP Morgan Chase, en short et baskets, a mis un genou à terre, devant l’une des succursales de la banque, à Mount Kisco (État de New York). Le geste, qui rappelle celui de la star du football américain Colin Kaepernick, est destiné à attirer l’attention du public sur les violences policières et montrer l’engagement de la première banque américaine en faveur d’une plus grande justice sociale. Le dirigeant a compris combien les salariés et les clients noirs souffrent d’une discrimination systématique. Il a vu les manifestations de jeunes de toutes couleurs après la mort de George Floyd à Minneapolis et perçu l’ampleur des ravages causés par la pandémie sur la population noire. Deux fois plus d’Afro-Américains ont été touchés et, selon un rapport du consultant McKinsey, 39 % de leurs emplois sont menacés.

Jamie Dimon et son tout nouveau responsable de la diversité, Brian Lamb, un jeune banquier noir, ont tenté de trouver les mots justes dans la lettre envoyée à l’ensemble du personnel. « Les événements de Minneapolis et bien d’autres dans le pays sont tragiques et nous brisent le cœur, ont-ils écrit. Soyons clairs. Nous regardons, nous écoutons et nous voulons que chacun d’entre vous sache que nous nous engageons à lutter contre le racisme et la discrimination, où qu’ils soient. » Ces mots forts ont été accueillis avec un certain scepticisme. Car le secteur financier est connu pour son manque de diversité. Les cadres blancs d’un certain âge dominent. Selon la fondation Toigo, seulement 2,4 % des cols blancs issus des minorités appartiennent aux comités exécutifs, 1,4 % sont directeurs généraux et 1,4 % ont le titre de gérants de portefeuille seniors.

4 % de cadres supérieurs noirs

La banque JP Morgan Chase a, elle-même, fait scandale à la fin de l’année dernière, lorsque des enregistrements sur sa gestion d’un client noir fortuné ont été rendus publics. Jimmy Kennedy, un footballeur à la retraite, ancien joueur de l’équipe new-yorkaise des Giants, a accumulé durant sa carrière 13 millions de dollars. Il s’installe à Phoenix (Arizona), et son conseiller financier, Ricardo Peters, lui aussi noir, lui fait miroiter un traitement VIP. Il devrait être invité à des événements exclusifs et pouvoir emprunter à des taux préférentiels. Mais l’athlète n’obtiendra jamais ces avantages. Son conseiller est isolé de ses collègues, transféré dans un quartier moins aisé, puis licencié. Le nouveau conseiller du vainqueur du Super Bowl explique alors au sportif qu’il est trop grand et trop noir… pour décrocher un traitement privilégié.

JP Morgan Chase a tenté depuis cette affaire de corriger le tir. Les deux directeurs généraux de la banque ont assuré qu’ils allaient simplifier le système. Les clients mécontents devraient mieux se faire entendre des instances supérieures, lorsqu’ils estiment avoir été maltraités. Le personnel lui-même devrait se diversifier. Et tous les collaborateurs suivront une formation sur les préjugés racistes inconscients. Le chantier est énorme. Seulement 4 % des cadres supérieurs de JP Morgan Chase et à peine 5 % de ses conseillers financiers sont noirs.

Brian Lamb, le nouveau responsable de la diversité et de l’inclusion, en poste depuis mai, a de quoi faire. Daniel Pinto, coprésident de la banque, a promis que la nouvelle recrue appliquerait « un filtre diversité sur tout ce qu’il toucherait ». La banque dispose déjà de plusieurs programmes en cours pour alimenter son vivier en salariés issus des minorités. Ainsi, elle accepte des candidats qui n’ont pas un casier judiciaire irréprochable pour ses emplois de débutants : 2 100 personnes en ont profité en 2018.

Mentorat

Elle a également créé, en 2010, TFI (The Fellowship Initiative), un programme qui met en relation des lycéens avec des mentors de l’institution bancaire. L’initiative a déjà touché 350 jeunes à New York, Chicago, Dallas et Los Angeles. Ces protégés retrouvent leur mentor trois fois par mois à la banque pour apprendre, innover, s’intéresser à de nouveaux domaines pendant trois ans. Pour l’instant, 100 % des intéressés ont ainsi pu accéder à l’université. Et l’objectif est de tripler la mise pour que 1 000 jeunes bénéficient du programme.

JP Morgan Chase a aussi mis sur orbite ABP (Advancing Black Pathways). Il s’agit de soutenir des étudiants en leur offrant des stages et d’éventuelles embauches à la banque. Quatre mille personnes devraient en profiter dans les cinq ans. Et pour s’assurer qu’elle touche le public désiré, l’institution financière travaille avec les HBCU (Historically Black Colleges and Universities), les 84 établissements historiquement noirs, comme Howard University. Sekou Kaalund, directeur d’ABP, a déjà embauché 1 000 étudiants. Les rangs des cadres commencent à se colorer. Mais est-ce assez ?

Auteur

  • Caroline Crosdale