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Contrat de travail : Proman parie sur un nouveau CDI à temps partagé

Le point sur | publié le : 28.09.2020 | A. F.

Pour répondre aux besoins de flexibilité des entreprises et de sécurité des salariés, le groupe spécialisé dans le travail temporaire et le recrutement propose Flexeo, un CDI à temps partagé.

Après avoir accusé une chute de 70 % de ses activités et vu 30 000 de ses intérimaires perdre leurs missions dans les jours suivant l’annonce du confinement, Proman mise depuis juin sur le lancement à grande échelle de Flexeo, son CDI à temps partagé aux fins d’employabilité, pour favoriser les embauches longue durée. Passé sous les radars des sociétés d’intérim, autorisées à l’expérimenter depuis le 1er janvier 2019, ce dispositif est en passe de devenir une alternative au CDI intérimaire (CDII). « La profession a créé en 2013 le CDII, mais il entraîne de nombreuses démissions. Proman a donc cherché à offrir le panel le plus large possible de formes d’emploi pour satisfaire ses clients et collaborateurs », précise Roland Gomez, directeur général de Proman.

Créé en 2005 pour offrir plus de flexibilité aux entreprises trop petites pour recruter seules, le CDI aux fins d’employabilité a été étendu par la loi Avenir professionnel de 2018 aux publics précaires, éloignés de l’emploi, peu qualifiés, seniors, en situation de handicap… « Si le CDII s’adresse davantage aux personnes qualifiées, aptes à enchaîner les missions, ce dispositif donne accès au marché du travail aux plus fragiles en leur offrant un CDI de droit commun, qui pour beaucoup reste le Graal. Plutôt que de leur proposer des contrats de quinze jours, nous nous engageons à leur garantir une stabilité, à les faire grandir professionnellement et à les placer dans des entreprises qui les embaucheront à terme », explique Roland Gomez.

Ancienne assistante commerciale pour une entreprise de textile, Danielle Roux s’est tournée vers la logistique après son licenciement économique, faute de trouver un emploi dans sa branche près de son domicile. Intérim classique, CDII, Flexeo… La quinqua n’a pas quitté la plateforme XPO où elle s’est posée en 2017 comme contrôleuse de marchandises : « L’intérim est un passage obligé dans la logistique. Mais, à mon âge, je n’ai pas envie de me balader d’entrepôt en entrepôt, de me réintégrer dans une nouvelle équipe, d’avoir la peur de la fin de mission. Sans Flexeo, ma société n’aurait pas pu me garder et, en CDII, je n’aurais pas choisi ma prochaine mission. »

Insertion durable

Testé depuis l’été 2019, Flexeo a signé 120 contrats essentiellement dans les secteurs de la construction, de la logistique et de l’agroalimentaire. Mis à disposition pour de longues durées, ces travailleurs peu qualifiés, souvent issus du vivier de Proman, sont sélectionnés pour leur savoir-être, mais aussi leur volonté de renoncer à la liberté et aux avantages liés au statut d’intérimaire (indemnité de congés payés, prime de précarité…). En contrepartie, les recrues bénéficient d’un suivi renforcé, du maintien entre deux contrats de leur salaire, d’un accompagnement social, d’une visibilité sur leurs plannings avec la possibilité de poser des congés, d’un comité d’entreprise, de formations. « Nos clients peuvent rencontrer des difficultés à trouver certaines compétences dans leur bassin d’emploi. Nous formons donc nos collaborateurs pour qu’ils puissent acquérir les savoir-faire requis sur le poste avant de les détacher », indique Vanessa Vial, directrice de développement de Flexeo.

En plus de favoriser les insertions durables sur le marché du travail, Flexeo permet aux employeurs des secteurs en tension de s’assurer sur le long terme les services de collaborateurs ayant fait leurs preuves sans passer par la case du recrutement pérenne et sans risquer une requalification. Contrairement au CDII qui restreint les missions à 36 mois chez un même client, sa durée est illimitée et l’entreprise n’a plus à justifier son recours à l’intérim par une hausse de l’activité ou un remplacement. « Cette forme d’emploi est une solution pour les employeurs qui ne sont pas en capacité d’embaucher dans l’immédiat de fidéliser un salarié et de le former en prévision d’un recrutement futur », estime Vanessa Vial.

C’est le pari de la société de maçonnerie Bosgiraud qui a recours à trois compagnons sous ce statut. « Dans le bâtiment, les ouvriers qualifiés sont rares et, quand on en trouve des compétents, on veut les garder. Le CDI à temps partagé nous permet d’avoir une stabilité dans nos effectifs et d’accompagner l’évolution des personnes dans la durée. On n’a pas la crainte qu’elles nous soient piquées par la concurrence », estime Alexandre Courteix, son dirigeant.

Auteur

  • A. F.