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Harcèlement au travail : La publicité négocie un accord de branche

L’actualité | publié le : 14.12.2020 | Lys Zohin

La montée en puissance du mouvement MeToo n’avait pas fait réagir le secteur de la communication et de la publicité. Mais plusieurs initiatives françaises ont vu le jour au cours des derniers mois, dont celles des Lionnes, ainsi que la mise en place d’un compte Instagram « Balance ton agency ». Les Lionnes, une association de lutte contre le sexisme dans les secteurs professionnels de la publicité et de la communication, fondée par Christelle Delarue, CEO de l’agence Mad&Women, ont mené, en juin dernier, une campagne d’affichage à l’aube des Cannes Lions, le festival international de la créativité, dénonçant, à coup de petites phrases recueillies auprès des victimes, le harcèlement, notamment sexuel. Et cette libération de la parole a fait mouche. Le compte Balance ton agency a publié des témoignages – qui incluent le nom des agences dans lesquels les évènements se sont produits – tels que : « Tu n’arriveras jamais à être concepteur-rédacteur. Pourquoi ? Parce que tu es une femme ! » Et pis : « Si tu passes sous la table, tu pourras venir avec nous à Cannes ». Ces témoignages visaient également Laurent Habib, le président de l’association des agences-conseils en communication (AACC), syndicat patronal regroupant 200 entreprises du secteur, qui a démissionné à la mi-octobre. « Ce sont les patrons d’agences qui ont approché les syndicats pour demander des négociations en vue de nouer un accord de branche, indique Thierry Noleval, secrétaire fédéral à la Fédération des employés et cadres de Force ouvrière, alors que tous les syndicats de salariés militaient depuis longtemps pour un accord dont le patronat ne voulait pas entendre parler auparavant. » « Jusqu’à présent, les affaires de harcèlement et de sexisme, particulièrement nombreuses dans le secteur, étaient étouffées », observe de son côté Patrick Bihoreau, de la CFE-CGC.

Volonté collective

Patronat et syndicats ont pris langue le 3 décembre dernier pour engager la négociation d’un accord dont on ignore encore la durée et le contenu. Pour l’heure, le patronat, qui n’a pas souhaité s’exprimer sur les négociations qui débutent, déclarant qu’il n’avait pas « à ce jour, d’informations à indiquer en complément », selon l’e-mail envoyé par l’AACC à Entreprise &Carrières, n’a pas encore soumis de projet de texte écrit aux syndicats. « Il faudra une volonté collective de la part du patronat pour qu’un accord soit scellé puis appliqué, souligne toutefois Marie Buard, de la F3C CFDT. Et encore faut-il que la prise de conscience sur les comportements soit réelle. » Ce dont elle n’est pas certaine… Toujours est-il que l’accord, que les syndicats espèrent conclure d’ici la fin de cette année, ne devra pas se contenter de simples rappels à la loi, mais devra « comporter des éléments coercitifs », estime Thierry Noleval, de même que des engagements des agences de communication et de publicité en matière d’information (avec un numéro à appeler, par exemple, si un salarié est victime ou témoin de harcèlement), de formation des managers et de procédures. « Le salarié qui dénonce de tels faits doit être considéré comme un salarié protégé et la responsabilisation des agences doit être claire », insiste-t-il.

Auteur

  • Lys Zohin