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Télétravail : La ville de Suresnes a su anticiper

Le point sur | publié le : 12.02.2021 | M. J.

La commune des Hauts-de-Seine n’a pas attendu le premier confinement pour expérimenter le télétravail, sur la base d’un accord signé par l’ensemble des organisations syndicales.

Crédit photo © Adobe Stock

La commune des Hauts-de-Seine n’a pas attendu le premier confinement pour expérimenter le télétravail, sur la base d’un accord signé par l’ensemble des organisations syndicales.

Béatrice de Lavalette le reconnaît volontiers. Longtemps, elle a hésité à développer le télétravail dans sa ville. Comme toutes les communes, Suresnes (Hauts-de-Seine) emploie beaucoup d’agents de catégorie C, des personnels de terrain pour lesquels travailler à distance relève a priori de l’utopie. Aujourd’hui pourtant, l’adjointe déléguée aux ressources humaines et au dialogue social tient un tout autre discours : « Le travail à distance agit comme un facteur de bien-être pour les agents et de productivité accrue pour certains métiers. Il permet en outre d’interroger les organisations en place, d’expérimenter des pratiques managériales inédites et d’innover dans l’animation du dialogue social. » La raison de ce revirement ? La démonstration par l’expérience.

Suresnes fait en effet partie des collectivités pionnières dans la mise en place du télétravail à l’échelle des administrations territoriales. Dès 2017, un accord spécifique signé par la CGT, la CFDT et FO donnait lieu à une expérimentation en deux phases auprès de 43 agents télétravailleurs volontaires, issus de fonctions et de catégories variées (services fonctionnels et opérationnels, catégories A, B et C). « Cette première expérience s’est avérée concluante : réduction des temps de transport, diminution de la fatigue, augmentation de la concentration et meilleure performance au travail », commente l’élue. Selon une enquête menée par la Ville, les trois quarts des agents impliqués ont estimé que la souplesse et l’autonomie autorisées par ce nouveau mode de travail avaient renforcé leur engagement, leur motivation et leur bien-être. De quoi conforter l’employeur, dès octobre 2019, dans le déploiement du modèle auprès de tous les agents identifiés comme éligibles, soit 250 postes au total (25 % des effectifs permanents de la commune).

« Incarnons le travail de demain »

L’instauration du télétravail à Suresnes s’inscrit dans un projet stratégique plus vaste. En septembre 2019, la Ville a signé avec l’ensemble des syndicats (CGT, CFDT, FO et SYNPER) un accord validant son projet de transformation de l’administration, intitulé Incarnons le travail de demain. « Outre le télétravail, ce projet pionnier porte une nouvelle vision des espaces de travail inspirée du flex office, en vue de pratiques plus collaboratives et d’un mode de management plus transversal, donnant à chacun davantage d’autonomie et de responsabilité dans la conduite de ses dossiers », explique Béatrice de Lavalette. Pour l’adjointe au maire, l’articulation avec une démarche organisationnelle globale et portée par les partenaires sociaux est la condition sine qua non d’un télétravail accepté par tous, y compris dans les métiers non éligibles.

Le télétravail ainsi pensé répond à un certain nombre de règles, inscrites dans l’accord de septembre 2019 : volontariat et réversibilité, possibilité de télétravailler depuis son domicile ou dans un rayon de 500 mètres autour du domicile, obligation de rester joignable à tout moment de la journée de travail et de tenir un agenda partagé avec ses collègues, organisation préalable de la journée de télétravail avec le supérieur hiérarchique, etc. Le protocole prévoit également que tous les télétravailleurs ainsi que leurs encadrants suivent une formation d’une journée pour aborder les différents aspects du télétravail et les ressorts de sa mise en place dans une structure administrative comme Suresnes : modalités du travail à distance, risques professionnels induits, mesures de prévention individuelles et collectives actionnées par la collectivité, évolutions de l’organisation du travail et adaptations du management à une gestion à distance des équipes et des objectifs.

Risque d’étiolement du collectif de travail

Mais la crise sanitaire et le confinement sont passés par là, en changeant sensiblement la donne. De volontaire, le télétravail est devenu du jour au lendemain un système imposé, cinq jours sur cinq, dans des environnements souvent très peu adaptés. « D’un point de vue managérial, cette situation de télétravail contraint apparaît probablement comme la pire possible : risques d’enfermement, de désocialisation, de perte de repères et d’étiolement du collectif de travail », affirme Béatrice de Lavalette. Depuis, l’installation dans la durée de la crise sanitaire, avec ses séquences successives d’adaptation des organisations, a eu un effet de lissage sur le travail à distance, en facilitant à la fois son appropriation par les agents et sa maîtrise par le management. L’élue, elle, se félicite d’avoir pris les devants.

Auteur

  • M. J.