logo Info-Social RH
Se connecter
Newsletter

L’actualité

Alternance : Ce que cachent les bons chiffres de l’apprentissage

L’actualité | publié le : 15.02.2021 | Benjamin d’Alguerre

Grâce aux effets conjugués de la réforme de 2018 et des mesures de relance, le nombre de contrats d’apprentissage signés a augmenté de 40 % en 2020 par rapport à 2019. Mais au détriment, notamment, des contrats de professionnalisation. Et près des 40 000 apprentis sont en quête d’employeur.

En 2020, la barre des 500 000 contrats d’apprentissage signés a été franchie, révèle le baromètre dévoilé le 5 février par le ministère du Travail. Soit un bond de 40 % par rapport à 2019 qui avait déjà été une année exceptionnelle. Pour Élisabeth Borne, ce résultat est la conséquence des nouvelles règles du jeu instaurées par la réforme de l’apprentissage de 2018, mais aussi du plan « 1 jeune, 1 solution » lancé en juillet 2020. De facto, à en croire la Fnadir, la fédération des directeurs de CFA, l’effet incitatif des nouvelles aides à l’embauche pour les entreprises (5 000 euros par an pour chaque apprenti mineur, 8 000 pour les majeurs) ont joué à plein. Dans le détail, ce sont surtout les PME de moins de 50 salariés qui sont massivement les premières employeuses d’apprentis (322 820 contrats, 66 % du total), devant celles de 50 à 249 salariés (53 803 contrats, 11 %) et les 250-999 (39 130 contrats, 8 %). Les secteurs les plus « consommateurs » d’apprentissage restent le commerce (12,4 %), le BTP (10 %), les industries alimentaires (6,3 %) et l’hôtellerie-restauration (5,4 %). Le secteur public s’est également mobilisé, même si la part d’apprentis dans les effectifs y reste faible (5 000 contrats contre 495 000 dans le privé). Cette croissance de l’apprentissage se fait cependant au détriment des contrats de professionnalisation. À en croire la Dares, la bascule entre contrats s’élèverait à 40 % du stock. « Un réajustement », juge le ministère du Travail.

À la Fédération de la formation professionnelle (FFP), on se réjouit de ces bons chiffres… sans pour autant crier victoire. « 2020 a été une année atypique. Les chiffres vont se stabiliser », prévient Vincent Cohas, directeur général du groupe Cesi et chargé du dossier de l’alternance au sein de la FFP. Non seulement parce qu’avec l’imposition de la comptabilité analytique aux CFA, ceux-ci pourraient « retourner dans la vieille logique bureaucratique de contrôle d’avant », mais aussi parce que France Compétences, l’organisme chargé de ventiler les fonds de la formation, serait amené à assurer une prise en charge financière moindre à l’avenir pour résorber ses deux milliards d’euros de déficit. « Il faut sécuriser l’assiette du financement de l’apprentissage », prévient Vincent Cohas.

Ce record de signature de contrats d’apprentissage ne doit pas, non plus, faire oublier la « bombe à retardement » des apprentis sans employeur. Ils étaient près de 40 000 en septembre dernier, bénéficiant d’un délai de six mois pour trouver une entreprise d’accueil tout en conservant le statut de stagiaire de la formation. Au-delà, les Opco ne seront plus tenus de financer ces contrats. Et si quelques régions comme les Hauts-de-France ou les Pays de la Loire ont annoncé qu’elles prendraient le relais localement, ce n’est pas le cas de toutes.

Auteur

  • Benjamin d’Alguerre