Pour Clément Saint Olive, « il manquait un cadre » à Alenvi, l’entreprise qu’il avait créée en 2016 en compagnie de Guillaume Desnoës et Thibault de Saint Blancard, dans le but de remettre de l’humain dans la relation entre les auxiliaires de vie et les personnes âgées. La société avait beau s’être dotée d’une raison d’être – « humaniser l’accompagnement des personnes qui ont besoin d’aide ou de soin, en valorisant les professionnels et en réconciliant les enjeux humains et économiques du secteur » – et être entreprise solidaire d’utilité sociale (Esus), il manquait des « objectifs concrets » pour accompagner la démarche, note Clément Saint Olive. La qualité d’entreprise à mission, adoptée il y a peu, a permis précisément de donner non seulement un cadre, mais « de confirmer les actions déjà entreprises ». En outre, cette qualité « va renforcer nos engagements et les rendre plus solides dans le temps », poursuit-il. D’autant qu’elle est assortie, comme doivent l’être les missions, d’objectifs, qui vont de l’amélioration en continu des conditions de travail à l’utilisation de l’autonomie maximale des professionnels et l’accès à la formation pour réinventer les métiers de l’accompagnement, en passant par l’accès aux innovations d’Alenvi à tous les publics, quelles que soient leurs ressources.

Sous la houlette du comité de suivi, composé de huit personnes, dont deux salariés, l’un représentant les auxiliaires de vie, majoritaires au sein d’un effectif d’une centaine de salariés, l’autre le personnel du siège, des indicateurs ont été mis en place. Certains s’appuient sur un indice d’alignement humain que l’entreprise a élaboré et met maintenant à disposition d’autres entreprises du secteur. Ce qui va d’ailleurs dans le sens de l’un de ses objectifs : « Coconstruire en transparence des solutions pour transformer le secteur et contribuer au mouvement d’organisations au service du bien commun ». Basé sur le ressenti des auxiliaires de vie, l’indice d’alignement humain permet de mesurer à quel point les cinq catégories de besoins des collaborateurs, théorisées par Maslow, sont satisfaites par leur environnement de travail. Ainsi, pour mesurer la satisfaction des salariés sur leurs conditions de travail, les critères incluent le taux d’absentéisme et le turnover, ainsi que la rémunération moyenne. Reste que Clément Saint Olive n’est pas tout à fait satisfait. « Alors que le taux d’absentéisme était de 3 % en 2019, contre 15 % pour le reste du secteur, nous avons noté une augmentation en 2020, portant ce taux à 10 %. Si l’effet Covid est clair, certaines auxiliaires de vie devant rester chez elles pour garder leurs enfants pendant le premier confinement, nous considérons que cet indicateur doit être un sujet de travail pour nous. » D’autres objectifs, comme celui de l’accès à la formation, sont plus évidents à mesurer : il suffit, dans ce cas, de compter le nombre de professionnels et d’encadrants qui ont été formés au cours d’un trimestre.

Quant à l’ambition de donner accès aux innovations d’Alenvi à tous les publics, quelles que soient leurs ressources, il a fait l’objet d’un accord avec les actionnaires, puisqu’il implique que certains bénéficiaires des services y aient accès sans frais. C’est le cas de 7 % du total des bénéficiaires. « Nos actionnaires, qui sont venus à nous parce qu’ils soutenaient notre philosophie et notre business modèle, ont accepté cet effort financier. Au contraire, d’ailleurs, ils nous ont même challengés pour que nous allions plus loin », poursuit le cofondateur de l’entreprise. Même chose pour les salaires. Les actionnaires ont accepté une rentabilité moindre, en échange d’une revalorisation des salaires des auxiliaires de vie. « Les actionnaires sont des investisseurs, pas des philanthropes, mais il faut trouver un équilibre dans le partage de la valeur, afin d’avoir un modèle pérenne et ainsi un plus grand impact », souligne Clément Saint Olive. Enfin, le comité de suivi planche encore sur un dernier objectif, visant à « cultiver la sobriété et minimiser l’impact environnemental » des activités de l’entreprise. « Nous avions l’impression que nous n’avions pas un fort impact environnemental, mais nous cherchons néanmoins à l’évaluer, afin de trouver éventuellement des solutions pour le diminuer », dit-il. Autant d’indicateurs qui guideront Alenvi dans sa mission, quitte à modifier ses pratiques.