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Des tests antigéniques sur les chantiers de Spie batignolles

Le point sur | publié le : 22.03.2021 | Lucie Tanneau

Depuis mars dernier, les entreprises du BTP naviguent à vue avec un objectif : limiter les arrêts de chantiers et protéger les salariés. Le directeur prévention des risques du groupe Spie Batignolles décrit sa stratégie concernant l’utilisation des tests de dépistage.

Comment, entre mars et octobre, avez-vous assuré la continuité de l’activité chez Spie Batignolles ?

Pour continuer à travailler, nous avons établi des protocoles. On a créé un document d’évaluation des risques propre au Covid et à l’entreprise. Des référents ont été nommés sur les plus gros chantiers, sinon le chef d’équipe endossait ce rôle, et le préventeur faisait le tour. Chaque matin, nous faisions une « minute Covid » pour répéter les gestes barrières et les consignes. Dès que quelqu’un était malade ou que nous avions un cas contact sur un chantier, on envoyait toute l’équipe réaliser un test PCR, mais certains médecins acceptaient, d’autres non, et il y avait de l’attente au niveau des laboratoires…

Comment la gériez-vous ?

Depuis mai, tant que les salariés n’avaient pas de résultats négatifs, ils ne revenaient pas sur le chantier. Ça a été problématique pour les gens en grand déplacement, car s’ils ne travaillaient pas, les salariés perdaient leur indemnité. Heureusement, peu de cas ont été concernés.

Le gouvernement a autorisé les entreprises à mener des campagnes de dépistage par tests antigéniques, par décret. Spie Batignolles a-t-elle sauté sur l’occasion ?

Nous avons lancé des campagnes, mais assez peu, car ces tests ne sont pas suffisamment fiables concernant les personnes éventuellement asymptomatiques, de l’ordre d’une dizaine sur toute la France (Spie Batignolles compte 8 000 collaborateurs, 210 implantations en France et 10 à l’international), avec à certains endroits une cinquantaine de salariés testés, dans d’autres une dizaine, sur la base du volontariat. Nous avons choisi un prestataire national mais qui a été peu utilisé, car chaque entité gérait très localement.

Les salariés étaient-ils rassurés, réticents ?

Nous n’avons rencontré aucune réticence. Sur les chantiers, il y a des risques notamment dans les vestiaires malgré le port du masque ou pendant les repas, alors tout le monde est rassuré de pouvoir faire des tests.

Comment avez-vous mené ces campagnes en pratique ?

Sur les chantiers, il y a eu une dizaine de campagnes organisées par les entités ou les chantiers eux-mêmes. Désormais, quand il y a un cas contact, les salariés vont d’eux-mêmes dans une pharmacie, par exemple, et ne passent plus par nous. C’est la grande différence avec mars où nous étions appelés tous les jours. Les gens se sont habitués à vivre avec. Quand il y a un cas positif, par contre, les chefs d’équipe nous le remontent et on intervient pour mener les tests PCR.

Avez-vous cessé les campagnes internes ?

Quasiment. Une de nos entités en a organisé une fin janvier, mais puisque, dans les cas asymptomatiques, les tests antigéniques ont une lecture aléatoire, nous préférons demander des tests PCR. C’est au cas par cas. C’est important pour les gens, car ils ont peur de tomber malades, et c’est important pour nous au niveau de l’activité. Depuis que l’on a interdit les repas dans les bureaux, le nombre de cas contacts a vraiment diminué.

Quel coût cela a-t-il représenté pour l’entreprise ?

Les prestataires à la journée représentent 100 à 150 euros et les tests sont pris en charge par la sécurité sociale, mais la question n’est pas là, nous n’avons pas d’enveloppe dédiée, et nous fonctionnons selon les besoins : les chefs d’équipe mettent sur pied des campagnes s’ils le souhaitent, même si cela vise seulement à rassurer, comme ça a été le cas sur un chantier d’Île-de-France en janvier.

Comment gérez-vous la confidentialité pour adapter les protocoles en fonction des résultats des tests ?

Dans le BTP, les gens ne posent jamais de problème de confidentialité. Nous ne diffusons pas les informations mais les salariés veulent travailler et nous donnent les résultats sans souci. Ils nous font confiance sur les questions de santé et sécurité. Au niveau des sous-traitants et co-traitants, nous ne demandons pas non plus les résultats, peut-être certains ne nous disent pas quand ils ont des cas contacts… mais je n’y crois pas. Je pense que les gens sont sensibles au risque de contamination.

Quelle organisation allez-vous adopter ces prochaines semaines, au niveau des tests, du télétravail, de la vaccination ?

Nous n’avons aucune visibilité, mais le BTP a une énorme capacité d’adaptation et de résilience. Les gens se sont toujours adaptés à la pluie, à la neige, aux protocoles… La Covid a été intégrée dans les modes de fonctionnement. Après, si ça s’arrête, tant mieux, car le port du masque sur un chantier est une énorme contrainte. Sur la vaccination, nous en discutons mais c’est trop tôt. Nous sommes habitués à mener des campagnes avec la médecine du travail, notamment contre la fièvre jaune pour des départs sur des chantiers à l’international. Si le gouvernement nous demande de faire des campagnes de promotion du vaccin, on les fera.

Avez-vous été accompagnés sur les tests ?

Pas du tout. Nous nous débrouillons seuls. Heureusement, en prévention, dans le BTP, on travaille avec la FNTP ou la FFB et je suis en contact permanent avec mes homologues de Vinci, Fayat, Bouygues, Colas ou Demathieu Bard. Nous avons la particularité d’être souvent plusieurs entreprises sur le même chantier, donc nous partageons les règles.

Auteur

  • Lucie Tanneau