Le gouvernement français a introduit en 2008 un décret facilitant l’embauche de travailleurs extra-européens pour des métiers en tension. Ce sont des postes techniques, dans l’électricité, le bâtiment ou encore l’informatique qui requièrent un niveau de spécialisation au-delà de l’enseignement secondaire. Cet assouplissement législatif a provoqué des effets nuancés sur le marché du travail, selon une note de l’Institut des politiques publiques (IPP) publiée le 10 mars 2021. D’un côté, l’emploi dans ces métiers aurait connu une augmentation de 1,4 % les deux premières années, réduisant en partie le problème des pénuries. De l’autre, une partie des salaires aurait baissé en raison de la concurrence accrue entre travailleurs. C’est le cas pour les étrangers dont la rémunération aurait décliné de 3,3 %, « alors que le salaire moyen des travailleurs français n’a pas été affecté de manière significative ». En regardant spécifiquement les salaires à l’embauche, plus susceptibles de réagir à court terme, la baisse s’exercerait à la fois chez les Français et chez les étrangers. Mais celle des migrants serait deux fois plus prononcée que celle des nationaux (-14 % contre environ -7 %). Un résultat jugé « surprenant », « car il montre que les employés étrangers sont beaucoup plus exposés à l’augmentation de la concurrence ». Il peut s’expliquer d’une part par le partage des tâches, les immigrés étant affectés à des fonctions requérant moins de communication que les Français. D’autre part, les étrangers se trouvent « étroitement liés à leur employeur, car tout changement d’entreprise doit s’accompagner d’une nouvelle demande de visa », ce qui limite leur pouvoir de négociation.