Avec la crise sanitaire et la demande exponentielle de parois plastiques utilisées dans tous les lieux publics, Skytech est en plein essor. « On avait besoin de salariés pour accompagner la montée en production », commente Ophélie Godde, CEO de cet acteur de l’économie circulaire spécialisé dans la production de résines plastiques régénérées, installé dans les Yvelines. « Nous faisons nous-même nos embauches, via l’Apec pour les cadres et en passant par Pôle emploi pour les autres profils : le recrutement est la partie sympa du métier de RH, donc je tiens à le garder ! », raconte-t-elle. L’entreprise avait besoin de trouver rapidement sept personnes. Skytech s’est donc tourné vers l’agence Pôle emploi de Mantes-la-Jolie (19 000 demandeurs d’emploi sur 72 communes) pour trouver cinq conducteurs de lignes et deux caristes manutentionnaires.

« Skytech est une entreprise sur un secteur en tension et a besoin de salariés capables de s’adapter à la crise sanitaire d’une part, mais aussi aux nouveaux produits du marché et donc capables de faire preuve d’agilité », analyse Erika Heresmann, la directrice de l’agence Pôle emploi contactée. Ses équipes proposent à Ophélie Godde de recourir au dispositif d’AFPR (action de formation préalable au recrutement). « Une formation dans l’entreprise, de maximum 400 heures, en grande partie financée par Pôle emploi », décrit la directrice. « Les personnes sont déjà dans l’entreprise, tout en continuant de toucher leurs indemnités. Ce temps de formation permet de tester le métier, de développer des compétences, et de voir la compatibilité du demandeur d’emploi et de l’entreprise », complète-t-elle. En six jours, les conseillers de Mantes-la-Jolie repèrent les profils et proposent des candidats.

Skytech accepte immédiatement et prépare un plan de formation, car l’entreprise travaille sur une machine développée et brevetée en interne pour laquelle « il n’existe pas de formation en école ». « Les conducteurs de lignes ont été accueillis en février, pour 15 jours de formation théorique, dispensée par un salarié, ingénieur QSE également formateur pour adultes, puis vont poursuivre pendant deux mois et demi sur les machines, avec une demi-journée par semaine de rappel de la théorie », détaille la CEO. Pôle emploi verse à l’entreprise 5 euros de l’heure par personne pour cette formation afin de couvrir une partie des frais engagés. « C’est une vraie chance, nous n’avons pas d’augmentation de la masse salariale pendant trois mois, seulement le coût humain du formateur », apprécie Skytech.

« Nous ne connaissions pas ce dispositif », reconnaît Ophélie Godde, « mais nous le réutiliserons prochainement s’il existe encore, car nous allons ouvrir un deuxième site pour lequel nous prévoyons de passer de 10 à 50 personnes en production, et nos métiers étant très techniques, il est nécessaire de prévoir une formation pour les nouveaux salariés, avec ce financement, c’est intéressant », justifie-t-elle. Plus que les compétences, l’action de formation préalable au recrutement permet aussi d’intégrer les futurs salariés dans les équipes avant même de les voir apparaître dans la masse salariale. « Avant qu’il signe leur contrat de travail, vous avez déjà consommé trois mois de “mariage”, donc vous savez déjà fonctionner ensemble. Vous avez vu si la relation fonctionne entre les deux parties », schématise Ophélie Godde.

L’AFPR permet en outre de centraliser tous les besoins : Pôle emploi relaie l’offre auprès des missions locales notamment et gère la partie administrative pour le compte de l’entreprise, qui doit en contrepartie présenter un programme de formation dédié. Les nouveaux venus chez Skytech ont différents profils : un ancien de l’industrie automobile, touché par la crise, deux jeunes tout juste sortis d’école… Tous termineront leur formation le 21 avril et signeront, si tout se passe bien, dès le lendemain leur CDI (l’AFPR est possible avant un CDD de six mois minimum, NDLR). « On réfléchira ensuite aux prochains recrutements », prévoit déjà Skytech. « Pour une entreprise, si les profils envoyés par Pôle emploi correspondent aux besoins, l’AFPR permet ensuite de les rendre opérationnels avant la date de signature du contrat, c’est important et c’est une mesure qui se développe avec la crise », encourage Erika Heresmann. 137 demandeurs d’emploi inscrits à l’agence de Mantes-la-Jolie se forment ainsi actuellement avant l’embauche (soit en AFPR avec un contrat en CDD de six mois à l’issue de leur formation, soit en POEI avec un contrat en CDI à l’issue de leur formation). « Certains auront besoin de 400 heures, mais c’est très rare. Ce peut être une remise à niveau de seulement 40 heures par exemple, pour passer d’un secteur à l’autre tout en gardant le même métier », décrit-elle.

• 21 salariés ;

• 7 demandeurs d’emploi en cours de formation (AFPR) ;

• 3 recrutements en cours hors AFPR.